Reportage

A Madrid, les libraires sortent de la crise pas à pas

Desperate literature - Madrid - Photo Pauline Gabinari

A Madrid, les libraires sortent de la crise pas à pas

Après une période de pandémie difficile et le report du salon du livre, évènement littéraire madrilène de l'année, Livres Hebdo est allé à la rencontre de libraires pour prendre la température, pas aussi élevée que dans la rue. 

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Par Pauline Gabinari, Madrid
Créé le 25.08.2021 à 18h09

Tandis que le Salon du livre de Madrid, un évènement littéraire réunissant plus de 300 000 lecteurs, se tiendra en septembre et non en mai comme tous les ans, les libraires madriènes font le bilan d'une année 2020 marquée par les restrictions liées au Covid.

A l'inverse de leurs consoeurs françaises, les librairies madrilènes n'étaient pas considérées comme commerces essentiels pendant le confiement. Namaka, une librairie du quartier très animé de Chueca avait, à cette occasion, lancé une pétition afin de faire entendre la voix des indépendants. Les 75 000 signatures n'avaient pas suffit à faire bouger les lignes. 

 
Desperate literature - Madrid - Photo PAULINE GABINARI

"Cela fut vraiment très difficile pour nous", confie Terry Craven gérant de la librairie Desperate literature. Afin de compenser le manque à gagner, le libraire a d'ailleurs mis en place un système de cagnotte sur Patreon, lui permettant de toucher 500 euros par mois. "Nous avons une communauté fidèle de lecteurs qui nous aide beaucoup", précise-t-il. Un prix littéraire, créé depuis 4 ans et dont l'inscription est payante, a également permis a la librairie indépendante de "sortir la tête de l'eau" : "Cette année nous avons eu 1000 participants", se réjouit Terry Carven.  

Evènementiel difficile

Depuis de nombreux mois, tous les commerces ont pu réouvrir, mais certaines mesures doivent encore être appliquées dans la capitale. A La Central, une librairie du centre de Madrid, ce sont les restrictions liées aux évènements culturels qui posent le plus de difficultés : "Avant nous pouvions organiser jusqu'à un évènement par jour et accueillir des dizaines de personnes à chaque fois. Aujourd'hui nous devons respecter des jauges qui réduisent de plus de moitié le nombre de participants autorisés durant les recontres", regrette Clo Vautherin, "toutes ces mesures enlèvent une grand part de spontanéité à ces instants", ajoute la directrice de la librairie madrilène.

 
Librairie La Central - Madrid- Photo PAULINE GABINARI

Terry Craven, dont le local est beaucoup plus petit, a dû, quant à lui, annuler tous ces évènements : "L'esprit informel et intime de nos rencontres est impossible à réaliser dans de telles conditions", explique le libraire spécialisé en littérature anglaise.

Les librairies des quartiers résidentiels moins touchées

Les difficultés rencontrées par les commerces culturels n'empêchent pas pour autant l'éclosion de nouvelles librairies. C'est le cas de La Mistral, un café-librairie ouvert il y a quelques mois seulement par l'ancienne gérante de la célèbre librairie brésilienne située dans un théâtre de Buenos Aires, El Ateneo Grand Splendid. "Beaucoup de résidents attendaient avec impatience l'ouverture d'une librairie ici, ils avaient besoin d'un petit commerce", explique l'un des employés, montrant aux alentours les grandes enseignes commerciales. 
 
La Mistral - Madrid- Photo PAULINE GABINARI

Pour Clo Vautherin, l'impact lié au Covid est totalement lié à l'emplacement choisi par la librairie. "La clientèle de La Central est majoritairement composée de travailleurs. Une clientèle qui a drastiquement baissé avec le confinement et le télétravail", analyse-t-elle, précisant que leur seconde boutique à Barcelone avait de bien meilleurs résultats grâce au quartier résidentiel dans lequel elle était implantée. 

C'est aussi le constat fait à La Casa del Libro, la grande chaîne de librairies espagnoles. Les ventes ont varié selon la localisation de chaque local. "Notre magasin situé sur la Gran via [artère principale de Madrid] n'a quasiment enregistré aucune baisse de ventes contrairement à ceux situés dans des lieux moins touristiques", explique Irène, employée de la librairie. 
 
Casa del Libro (Gran Via) - Madrid- Photo PAULINE GABINARI

Après une année stable en 2020 pour le marché du livre (+0,8%), la température remonte. Depuis le début de l'année, les ventes de livres redeviennent dynamiques (+38,3% selon GfK).

 

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