Sortie mondiale

Laffont publie le 12 juillet, en sortie mondiale, Les lettres de prison de Nelson Mandela (18 juillet 1918-5 décembre 2013), traduites de l’anglais par Jean Guiloineau, à l’occasion du centenaire de la naissance de l’ex-président de l’Afrique du Sud.

La stature de Madiba, son engagement politique et ses vingt-sept ans (10 052 jours) passés dans quatre prisons du gouvernement sud-africain en plein apartheid rendent ces lettres exceptionnelles. Parfois Nelson Mandela n’avait pas le droit d’écrire sauf à ses avocats et aux autorités de la prison (mais le nombre de signes était limité), parfois il était censuré dans une volonté, comme il l’a commenté plus tard, "de me couper et de m’isoler de tous contacts avec l’extérieur, de me frustrer et de me démoraliser, pour m’amener au désespoir et éventuellement me briser".

Ces 255 lettres inédites (à l’exception d’une vingtaine d’entre elles) proviennent de la fondation Nelson Mandela, des archives nationales d’Afrique du Sud et de collections privées. Elles ont été réunies par la fondation, qui a travaillé dix ans à les trier, à les déchiffrer (certaines sont rendues illisibles par le crayon noir de la censure), à retrouver le texte de celles qui n’ont pas été envoyées à l’aide des carnets dans lesquels l’avocat les recopiait.

Nelson Mandela écrivait aux autorités carcérales, au ministère de la Justice, au cuisinier de la prison, défendant les droits de l’homme et la dignité des prisonniers. Il proteste contre le vol de ses carnets, réclame des lunettes de soleil car les prisonniers, qui cassent des pierres en plein soleil, ont des problèmes de vue, revendique le droit d’étudier et de recevoir des livres. Il écrivait aussi à sa femme Winnie, à ses cinq enfants, à toute la famille, y compris à la génération suivante. "Quand je suis née, mon grand-père était déjà en prison depuis dix-sept ans", écrit en introduction sa petite-fille Zamaswazi Dlamini-Mandela. Sans oublier les amis, les personnalités, les hommes politiques. "Nelson Mandela est toujours digne et jamais dans la plainte. […] Ce sont les lettres d’un grand militant qui a continué à être père. Il m’a émue", commente l’éditrice Aurélie Ouazan.

Jean Guiloineau, spécialiste de Nelson Mandela, traducteur de ses Mémoires chez Fayard et auteur d’une biographie (rééditée en poche en juin chez Payot), a traduit 1,5 million de signes et 770 pages. "Nous ne pouvions pas prendre un autre traducteur. Jean Guiloineau est le seul à même de traduire aussi vite un matériel qui est parfois codé", précise Aurélie Ouazan. Claude Combet

Lettres de prison de Nelson Mandela, édition Zamaswazi Dlamini-Mandela, traduites de l’anglais par Jean Guiloineau. Parution chez Robert Laffont le 12 juillet. Prix: 23 euros. ISBN: 978-2-221-21643-9.

06.07 2018

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