Avant-critique Nouvelles

L'œuvre au noir. Ce nouveau Marc Villard, c'est comme le triptyque d'un peintre, ou bien, la musique occupant une place importante dans le panneau central, une symphonie en trois mouvements : deux novellas encadrant une série de six histoires courtes. « 2016 » retrace le parcours de Bilal, un jeune réfugié syrien, poète et homosexuel, qui a fui Homs en ruines pour Paris. Il y rencontre Sylvia, la livreuse au grand cœur. Mais débarque bientôt sa sœur Louna, qui se croit veuve de Rady, militant de Daech, père de leur fille Yasmine. Un assassin. S'ensuivra une série de drames, de crimes, de fuites... Les personnages de « Musique soûle », Roberto Soler et Mina Lulle, Hugo Galindo, Papa Ours et compagnie, ont tous la musique, jazz surtout, rock un peu, comme dénominateur commun. À Barcelone, Paris ou Bruxelles, ils mènent leurs vies, parfois dangereuses : truands, trafiquants, camés, mafia chinoise rôdent. Et les filles accueillantes, comme Chan, peuvent se révéler de sacrées garces. Quant à « Ciel de réglisse », qui donne son titre au recueil, c'est un thriller qui se passe à Los Alamos, une histoire d'espionnage, de trahison, de corruption, qui se terminera plutôt mal, comme souvent chez Villard.

Il y a bien sûr les sujets, les caractères, les faits. Mais, chez cet écrivain, on osera dire que ce n'est pas le plus important. Villard excelle avant tout dans la mise à nu de la psychologie des personnages, la perception hypersensible de tous les détails, la peinture minutieuse des décors, le rendu des atmosphères. Son écriture est nerveuse, rapide, jazzy. Une œuvre au noir.

Marc Villard
Ciel de réglisse
Gallimard
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 17 € ; 192 p.
ISBN: 9782073034229

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