Pour les Descroix, ce Noël-là s'annonçait comme tous les autres, en famille, chez eux, dans leur belle longère du Perche. Il y aurait leurs trois enfants. Clémence, 29 ans, l'aînée, belle, parfaite en tout, businesswoman sur le point d'épouser Grégoire, le gendre idéal. On devait d'ailleurs parler des préparatifs du mariage. Simon, 27 ans, un corps d'éphèbe et des allures de dandy, « l'artiste torturé » qui mène une mystérieuse carrière de peintre, souvent hors de France. Et Juliette, la cadette, 25 ans, qui se considère comme le vilain petit canard, complexée par son physique − elle est légèrement boulotte −, son célibat prolongé, et sa carrière, qu'elle estime modeste : diplômée d'œnologie, elle s'est associée avec Ludovic − dont elle est plus ou moins amoureuse, mais qui se révélera à la fois un exécrable gestionnaire, un mufle et un salaud −, dans un restaurant parisien, Les Bouchées Doubles, près du Père-Lachaise. Pour se rassurer, et ne pas se retrouver trop isolée, elle a amené avec elle Maxime, son meilleur ami, excellent pâtissier, grand spécialiste des macarons « revisités », et accessoirement gay.

Si Cacahuète, la bergère allemande, leur fait la fête, si Aurélien, le père, très zen, accueille gentiment tout ce petit monde, chacun sait que l'épreuve la plus redoutable c'est Odile, la mère, la matriarche, tyrannique, exigeante, « abrasive », dit Juliette, laquelle souffre de ce qu'elle pense être son mépris. Selon elle, il n'y en a que pour les aînés. Mais alors que le réveillon se déroule sans incident notable, une véritable tempête secoue la maison : Odile a offert à Clémence une boîte à peinture, croyant qu'il s'agissait d'une boîte à maquillage. Pour la jeune femme, c'est un affront, une humiliation. Depuis toujours, elle rêve d'être peintre, ce que sa mère n'accepte pas. Pour cette dernière, qui veut tout organiser, régenter, mettre dans des cases, l'artiste de la famille, c'est Simon. Point final. Sauf que Clémence ne l'entend pas de cette oreille : elle se révolte, quitte la maison, envoie paître famille, travail, futur mari même, pour présenter le concours des Beaux-Arts et vivre enfin sa vraie passion. Ce séisme va en entraîner bien d'autres : Simon va faire son coming out sexuel et professionnel, Juliette finir par prendre confiance en elle et liquider l'épisode Ludovic. Quant à Odile, elle devra bien admettre qu'on ne peut pas tout contrôler.

Ce troisième roman de Mélanie Guyard est vif, drôle, tendre, très juste dans le registre bobo, et ferait à l'écran une épatante comédie à la française. Avis aux scénaristes.

Mélanie Guyard
De si jolies boîtes
Seuil
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 19 € ; 400 p.
ISBN: 9782021496789

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