22 octobre > Essai France

Voilà un nouveau titre de la collection "Raconter la vie" qui remplit parfaitement le contrat formulé par son titre. Ici, la vie ou plutôt les vies sont mises "en boîte". Stockées provisoirement dans des box individuels de quelques mètres carrés, en périphérie des grandes villes.

Journaliste au service société du Monde, Catherine Rollot, curieuse de ceux qui gardent - elle qui affirme appartenir à la catégorie de ceux qui aiment jeter -, a enquêté dans un site de self-stockage (self storage, disent les Américains qui ont inspiré ce nouveau style de garde-meubles en self-service arrivé en France il y a vingt-cinq ans) de la banlieue parisienne. A Thiais, dans le Val-de-Marne, pendant un an, elle a observé et écouté les locataires et les propriétaires des 900 box de 2 à 50 mètres carrés, de la société Box Avenue, aménagés dans une ancienne usine Ricard d’embouteillage. Et le long de ces kilomètres de couloirs surveillés par des caméras, derrière les portes à codes, elle a trouvé "un concentré de quotidien mais aussi une société en miniature".

La vie en boîte est un documentaire en immersion dans lequel la journaliste analyse le phénomène sociologique, mais la chair du livre est aussi constituée de récits de vies particulières. Que ces boîtes soient professionnelles, comme cette fleuriste indépendante qui entrepose dans son box les fleurs qu’elle va acheter à Rungis et vend sur les marchés, ou que, annexes de la maison, elles conservent des histoires plus intimes et ce que disent toutes ces choses, qui "valent souvent moins que le prix de la location mensuelle du réceptacle qui les accueille", de l’angoisse du temps qui passe. Un Frigidaire vintage, la collection d’un ancien disquaire, le contenu d’un mobil-home vendu et la centaine de sacs à main d’une aide-puéricultrice de 57 ans, les affaires d’une fille du Michigan ou les deux petites valises au contenu invisible, seules dans un box vide. V. R.

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