12 AVRIL - PREMIER ROMAN Pakistan

Ce premier roman de la Pakistanaise Moni Mohsin est un pur enchantement : non seulement, traitant de la pratique du mariage, le plus souvent arrangé par les familles dans la bonne société de Lahore, il nous plonge au coeur d'une des plus vieilles traditions indiennes - les Pakistanais sont d'anciens Indiens, séparés par l'islam en 1947. Mais, sous ses apparences légères, il nous montre aussi le courage d'un peuple qui, en dépit du terrorisme des talibans et malgré les attentats et l'obscurantisme islamiste, tente de vivre normalement, quand ce n'est pas "à l'occidentale". "Les bombes sont devenues notre bain quotidien", écrit la narratrice du roman, commettant ainsi l'un de ses lapsus, cuirs et autres à-peu-près dont elle est coutumière.

Nous sommes donc à Lahore, capitale aristocratique du Panjab, dans la haute société pakistanaise, où "l'argent est le benjamin de [ses] soucis", et où les femmes, en particulier, dépensent. L'héroïne est inculte, frivole, snob, superficielle (en apparence), cancanière et follement attachante. Elle adore le luxe dans lequel elle et ses amies vivent. Mais par-dessus tout, elle adore sa famille : son mari Janoo, un propriétaire terrien sage et peu bavard, très cultivé, même si elle le juge "assommant", et leur fils de 15 ans, Kulchoo, la prunelle de ses yeux. Aussi, lorsqu'une de ses tantes lui demande de l'aider à trouver une nouvelle épouse, c'est-à-dire blanche, docile et jeune, pour son fils Jonkers, 37 ans, divorcé, pas très sexy mais très riche, ne peut-elle refuser. Mieux, avec ses copines et sa mère, elles jouent les entremetteuses. On n'ose imaginer comment elle enquiquinera, le jour venu, son propre fils.

Jonkers, lui, après avoir échappé à une lesbienne qui rêve de retourner à New York, et à une "naine" fille d'un "magma de la drogue", aura du mal à imposer l'épouse qu'il s'est choisie. Mariage d'amour contre mariage arrangé, cela n'a l'air de rien en Occident, mais, en Inde et au Pakistan, c'est l'une des plus belles conquêtes des jeunes générations. Cette comédie "paki-bollywoodienne" pourrait bien devenir un nouveau Slumdog millionaire.

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