N’allez pas à Saint-Germain-des-Prés pour acheter des livres et encore moins des fringues ! Des livres, il n’y en a plus guère (à part La Hune, L’écume des pages et quelques vendeurs de livres d’occase ou de nids à bibliophiles), les libraires ayant cédé la place devant la fripe. Quant aux fringues, justement, elles sont hors de prix ! On a critiqué la gauche caviar qui avait jeté son dévolu sur la Flore et les Deux-Magots. Elle est supplantée par ce que les Américains appellent la « gauche Armani ». Ou la droite Vuitton, en face de l’église Saint-Germain-des-Prés ça fait encore culturel depuis que Bernard Arnault joue avec François Pinault à qui pisse le plus loin ? Le second s’était fait la malle à Venise avec sa collection, du coup le premier va désespérer le Jardin d’Acclimation (à défaut de Billancourt) avec sa fondation de luxe. Pour entretenir le souvenir du Paris de Sartre, Beauvoir et compagnie, les fripiers essaient de se faire bien voir. La première, dès 1968, Sonia Rykiel a glissé, dans sa boutique du boulevard Saint-Germain, entre ses petites robes noires, son manteau en fourrure (à 35000€) et ses sacs au prix des rétroviseurs de Ferrari, quelques livres en devanture. On peut être couturière et savoir lire à condition de faire attention à ne pas se piquer les doigts. Presque en face un autre magasin, « Sonia Rykiel homme », présente, au milieu des foulards colorés (35 euros le mètre) et des vestes noires, le livre de René Frydman et Muriel Flives-Trêves, A quoi rêvent les hommes ? (Odile Jacob) avec une invitation imprimée sur la vitrine au colloque de Psychanalyse et gynécologie qui se tiendra sur le même thème au Grand amphithéâtre du Museum Nationale d’histoire naturelle du Jardin des Plantes les 17 et 18 novembre prochain Les seins en mousse qui traînent entre le livre et les fripes sont, ainsi que précisé, en vente à « Rykiel Woman » (« interdit aux mineurs ») entre différents sex toys et un fouet rouge du plus bel effet (130€). C’est l’opération « Quoi de neuf ? », deuxième édition, qui préconise objets et événements culturels (livres, disques, expos, films, etc) de la rentrée dans les six magasins Rykiel. Pas loin, dans l’ancien magasin de Gilles Masson dont BHL était client, on annonce prochainement l’ouverture de « Rock n’ roll Zadig », filiale de « Zadig et Voltaire », juste à côté d’un « Apostrophe » où il n’y a ni livre, ni cravate pour Bernard Pivot avant de se rendre au déjeuner des Goncourt. Vite, réagissons, n’abandonnons pas la culture aux fripiers ! Pourquoi les libraires, de Saint-Germain ou d’ailleurs, ne vendraient-ils pas quelques cachemires et autres pashminas, ou quelques sex toys en cadeau à tout acheteur des trois volumes du Sade à la Pléiade ? Une façon comme une autre d’égayer leurs devantures et d’arrondir leurs fins de mois. Regardez l’exemple est donné par certains journaux spécialisés. Ainsi Lire vous propose-t-il, si vous vous abonnez pour un an à leur magazine, de payer 40 € au lieu de 80 et de recevoir en cadeau « le premier roman de Jonathan Littell, Les Bienveillantes ». Si l’on se rappelle que l’éditeur vend ce livre 25€ combien faudrait-il verser à M. Gallimard pour recevoir en cadeau le dernier numéro de Lire ? Ou une paire de bottes en cuir noir ? Puisque chacun fait dans le « plus-produit » je vous offre, en prime, ma première « revue des critiques qui vous ont peut-être échappé ». Si ça vous plait, je recommencerais. Le pour et le contre Alexandre et Alestria de Shan Sa (Albin Michel). Dans Lire deux avis. Pour, Delphine Peras : « Qu’importe si elle a reçu ou non le secours de quelque plume d’appoint pour ce sixième roman, c’est le cas de quelques auteurs parmi les plus insoupçonnables… » Contre, Christine Ferniot : « S’il était un gâteau, ce serait un pudding. S’il était un légume, ce serait un navet. » Une littérature musclée Je te retrouverai de John Irving (Seuil). Dans Le Figaro littéraire , Eric Neuhof : « Dans son hôtel parisien, M. Irving, ancien champion universitaire de lutte, a accepté que des journalistes assistent à ses séances de musculation. Et même, pour les plus endurcis, qu’ils se joignent à lui à l’heure du sauna, pour transpirer de conserve. Un traitement de faveur qui devrait valoir au père de Garp des articles louangeurs… » François Busnel de Lire : « Il faut rouler plusieurs heures depuis New York pour atteindre le comté de Bennington dans le Vermont. John Irving a fait bâtir son immense maison en bois à flanc de colline, entre forêt et vallons. A côté de son vaste bureau (…), la monumentale salle de gym qu’il a fait aménager et où chaque jour après ses heures d’écriture, il cultive sa forme et s’entraîne à la lutte. C’est là qu’il reçoit en toute simplicité après avoir préparé au visiteur un solide petit déjeuner campagnard. » Elle dit, elle dit pas En nous la vie des morts de Lorette Nobécourt (Grasset). Les « sifflets » de Didier Jacob dans le Nouvel Observateur : « Elle ne dit pas un sexe. Elle dit : « une gargouille de paradis au cœur de ses cuisses ». Elle ne dit pas aliment pour hamster. Elle dit : « cette sorte de foin splendide ». » Faîtes court ! La maison des célibataires de Jorn Riel (10/18). C. P. de Metro : « C’est scandinave, drôle, alcoolisé, bref, à découvrir. » Congo-ci, Congo-là Mémoires de porc-épic d’Alain Mabanckou (Seuil). Patrick Besson dans Marianne : « Peut-être faut-il aimer le Congo-Brazzaville pour connaître Alain Mabanckou, je veux dire peut-être faut-il connaître le Congo-Brazzaville pour aimer Alain Mabanckou. Cette Belgique de l’ancien Congo belge qu’est l’ancien Congo français.

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