Avant d’être un éditeur reconnu, Monsieur Toussaint Louverture était une revue. « J’y écrivais des articles critiques, j’essayais de trouver des auteurs ayant connu un succès commercial et oubliés », se remémore Dominique Bordes, fondateur de la maison d’édition. En 2007, il fait paraître avec Benoît Virot, Perdus, trouvés : anthologie de littérature oubliée, une anthologie de récits d’auteurs de nationalités diverses, avec une affinité pour les plumes anglo-saxonnes. Et Monsieur Toussaint Louverture n’a jamais abandonné ce credo éditorial. Il affiche à présent une collection d’une soixantaine de publications pour une cinquantaine d’auteurs et plusieurs succès. En 2012, Karoo du romancier serbo-américain Steve Tesich, multiprimé, s’écoule à plus de 50 000 exemplaires. Autre best-seller : Moi ce que j’aime c’est les monstres d'Emil Ferris, Fauve d'or 2019. Publié en 2018, l’album dessiné a dépassé les 100 000 ventes.
Amateur de BD, Dominique Bordes avoue avoir commencer à lire sur le tard. Aujourd'hui, il se bat « pour que le livre ait de beaux jours devant lui ». Après un parcours universitaire bigarré (arts du spectacle, publicité et communication, anthropologie…) et un premier stage en librairie, il s’inscrit à une formation « métiers du livre ». Puis, il initie le projet de Monsieur Toussaint Louverture en 2004 à Cénon, dans la région de Bordeaux. Composée d’une équipe de quatre personnes, à qui Dominique Bordes « donne la direction », en produisant les idées, la maison Monsieur Toussaint Louverture est une « machine littéraire qui fonctionne bien ». Son moteur ? « Trouver des textes à publier, le faire le mieux possible et trouver des lecteurs pour ces objets qu’on a créés avec la qualité la plus aboutie possible ».
La fabrique du succès
Carton de l'année 2022 en librairie, l’éditeur a encore eu du flair en dépoussiérant Michel McDowell et sa saga littéraire Blackwater, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Yoko Lacour avec la participation de Hélène Charrier. Énorme succès éditorial aux États-Unis lors de sa parution en 1983 en roman-feuilleton. Sa publication a créé l’événement en France car elle a fait le pari du gros tirages avec un premier jet à 150 000 exemplaires pour les six volumes. Ils se sont écoulés à pas moins de 700 000 exemplaires en France (GFK). « L’équation a été compliquée et risquée, il fallait que le prix soit accessible et le livre de qualité », explique Dominique Bordes.
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L’effet au premier regard du lecteur a été recherché au moyen d'un façonnage travaillé (reliure, sérigraphie, papier offset supérieur, gardes...) : « il faut que les sens se réveillent, que l’illustration interpelle le lecteur », indique Dominique Bordes. Très polies, les couvertures de Monsieur Toussaint Louverture ne sont que la partie émergée de l’iceberg. « Il y a aussi la partie invisible du travail, tout l’aspect commercial, susciter l’intérêt de la presse, et le travail de création avec l’auteur… », ajoute l’éditeur bordelais. Pour lui, l'expérience du livre doit toujours être mémorable. « Il faut que quelque chose se passe », affirme l'éditeur.