Trophées de l'édition 2023

Emilie Colombani (Rivages) : dans l'ombre des pépites (3/5)

Emilie Colombani, directrice éditoriale de Rivages - Photo ©Igor Kov

Emilie Colombani (Rivages) : dans l'ombre des pépites (3/5)

Cette semaine, Livres Hebdo présente chaque jour un des nommés pour les Trophées de l’édition 2023 dans la catégorie éditeur ou éditrice de l’année. Aujourd’hui, Emilie Colombani tout juste nommée directrice éditoriale de Rivages, dix ans après avoir lancé le catalogue de fiction française de la maison.

Par Cécilia Lacour,
Créé le 17.01.2023 à 14h29 ,
Mis à jour le 18.01.2023 à 14h59

A écouter Emilie Colombani, fraîchement nommée directrice éditoriale de Rivages, on pourrait croire que sa carrière n’est qu’une série de coups de chance. Arrivée dans l’édition "un peu par hasard" à la fin des années 1990, elle décroche un premier stage de deux mois dans le service des droits étrangers au Seuil. Trois mois après la fin de son stage, la maison la rappelle pour être "traductrice d’ouvrages de sciences humaines et sociales, et lectrice au sein du comité de lecture de la fiction française", se souvient l’éditrice.

Le Seuil la nomme finalement directrice du service des manuscrits et éditrice de fiction française en 2003. Dès ses premiers jours, elle voit avec surprise son bureau être "enseveli" sous les paquets. Parmi eux, un manuscrit d’Alain Mabanckou : Mémoires de porc-épic. Publié dans la collection "Cadre rouge" en 2006, le sixième roman de l’auteur est récompensé du prix Renaudot. "C’était une aventure géniale qui m’a donné de l’énergie et ouvert des horizons", s’enthousiasme Emilie Colombani. Au Seuil, l’éditrice donne voix pendant dix ans à sa "sensibilité davantage tournée vers les jeunes auteurs et les nouvelles esthétiques littéraires".

Des "nouvelles voix singulières"

En janvier 2013, Payot & Rivages fait l’objet d’une prise de participation majoritaire par Actes Sud. Son directeur éditorial Bertrand Py contacte alors Emilie Colombani pour "fonder une collection de littérature française" pour Rivages. Se reconnaissant dans "l’exigence de qualité" du catalogue de la maison, elle accepte le challenge "de tout construire de zéro". L’un de ses premiers ouvrages publiés : Faillir être flingué de Céline Minard, lauréate de plusieurs récompenses dont le Prix du Livre Inter 2013.

Si Emilie Colombani explique ce succès par une "chance de débutant", elle reconnaît que ses auteurs et autrices ont souvent été présentes dans les sélections de prix. Rien qu’en 2022, Hugues Pagan a été récompensé de plusieurs récompenses pour Le carré des indigents, Makenzy Orcel a été finaliste du Goncourt pour Une somme humaine, Miguel Bonnefoy a figuré sur la liste du Femina pour L’inventeur et Hélène Ling et Inès Sol Salas ont été portées sur celle du Femina Essai pour Le fétiche et la plume.

Emilie Colombani serait-elle alors une dénicheuse de pépites ? "J’essaie d’installer dans le paysage des primo-romanciers ou des auteurs et autrices qui n’avaient peut-être pas encore assez de reconnaissance de la part des lecteurs", se contente-t-elle de répondre humblement. A la frénésie des récompenses, l’éditrice préfère celle des paquets. "Ce qui m’intéresse, c’est de mettre le nez dans les manuscrits, de trouver la perle rare tout en étant attentive aux nouvelles voix singulières", affirme Emilie Colombani. Une mission qu'elle compte bien compte bien continuer à mettre au service de Rivages sans "rien s'interdire".

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