4 juin > Essai Etats-Unis

A priori, le rodéo, on s’en fiche un peu. Mais quand on vous y emmène de cette manière, la virée prend des airs de voyage ethnologique. La tribu que se propose de nous dévoiler Burkhard Bilger se trouve dans l’Oklahoma, une région difficile à vivre et pas que pour les taureaux. C’est en effet dans ce sous-Texas que l’on pratique le rodéo comme une religion. "Chevaucher des taureaux, c’est comme s’en remettre à Jésus. Vous allez vous mettre à prier parce que vous en aurez envie. Vous aurez besoin d’une protection de là-haut."

En effet, il vaut mieux croire en sa bonne étoile pour tenir sur un vicieux comme Bodacious, plus de 900 kilos de muscle qui vous projettent comme une poupée de chiffon. Un champion s’en tire avec une demi-journée de chirurgie et quelques plaques de titane, un autre perd un œil. Comme dit l’un d’eux, "la question n’est pas de savoir si vous allez vous blesser ; mais quand".

Alors pourquoi vouloir à tout prix monter sur le dos d’un animal qui ne veut pas de vous alors que tant d’autres, du cheval à l’éléphant en passant par le chameau ou le lama, ne demandent que ça, ou presque ? Justement parce que le cerveau des taureaux "n’est pas programmé pour la soumission", répondent les aficionados du monte là-dessus.

La réalité est un peu plus complexe, comme souvent. En tout cas, le journaliste au New Yorker nous entraîne avec brio chez ces héros fracassés qui sont heureux de pouvoir encore marcher quand ils prennent leur retraite. Il montre aussi que certains reportages, quand ils ont la longueur suffisante pour se hisser au niveau des légendes, ont des vertus anthropologiques. L. L.

15.05 2015

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