Roman/Brésil 4 octobre Daniel Galera

« Duc » est mort. Stupidement. Une balle dans la tête pour un téléphone portable. Pour trois personnes au moins, Andrei Dukelski dit « Duc » était plus que le plus renommé des écrivains de la jeune scène littéraire brésilienne. Sans qu'ils s'y attendent vraiment, tant les liens s'étaient distendus avec les années, c'est leur jeunesse que viennent de perdre, dans une rue sale d'un Porto Alegre accablé de chaleur et paralysé par une grève des transports, Aurora, Antero et Emiliano. Vingt ans auparavant, vers la fin du siècle dernier, les quatre amis avaient fondé un magazine numérique underground et radical qui avait connu son quart d'heure de gloire. Ils s'étaient beaucoup aimés (sans toujours se le dire vraiment), séparés et croyaient s'être oubliés. Et voilà qu'aujourd'hui la mort de Duc renvoie chacun, dans un pays traversé par la folie et la mort, aux fantômes de sa propre jeunesse.


Il y a peut-être quelque chose de Duc, et de chacun de ses héros, chez Daniel Galera, l'auteur de cet admirable et puissamment mélancolique Minuit vingt, son troisième roman traduit en français, le premier chez Albin Michel. C'est un ample tableau générationnel et un grand livre politique sans vrai équivalent dans le champ littéraire contemporain, hormis peut-être les romans de l'Israélien Eshkol Nevo. Quelque chose s'est brisé. Quelque chose que seule la littérature peut réparer.

Daniel Galera
Minuit vingt - Traduit du portugais (Brésil) par Régis de Sá Moreira
Albin Michel
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 20 euros ; 272 P.
ISBN: 978-2-226-40038-3

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