Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

L’autoédition, à l’instar du marché du livre numérique qui en permet le développement, ne bénéficie pas en France d’un essor comparable à celui qu’elle connaît aux Etats-Unis. En quelques années pourtant, englobant une édition à compte d’auteur redynamisée, elle s’est installée dans le paysage éditorial de l’Hexagone jusqu’à constituer un laboratoire et une rampe de lancement pour les auteurs. Son poids économique global, très difficile à évaluer du fait de l’opacité de ses principaux opérateurs, reste encore marginal. Mais elle apparaît de plus en plus comme une option à des milliers d’auteurs en puissance qui peinent à émerger dans le circuit classique. Et comme une véritable industrie structurée, autour des auteurs qui s’y adonnent, par une galaxie de prestataires de toute nature qui multiplient les services à leur intention d’une manière de plus en plus méthodique.

Un nouveau monde émerge, dont l’éclosion est suivie de près par les éditeurs "traditionnels". Après avoir considéré l’autoédition avec circonspection, ceux-ci se sont mis à y puiser non seulement certains de leurs best-sellers, mais aussi de nouvelles idées sur le plan créatif comme pour la promotion et la diffusion. D’autant que l’expansion de l’autoédition intervient dans une phase de renouvellement et de rajeunissement profond des cadres de l’édition, qui s’ouvrent à de personnalités imprégnées des tendances de la nouvelle société numérique.

Le secteur du polar, auquel nous consacrons cette semaine un supplément spécial à l’occasion du 14e festival Quais du polar, à Lyon, en témoigne. Bouleversé par un mouvement de chaises musicales aussi vaste qu’inédit chez les éditeurs, régénéré par l’irruption d’une nouvelle génération d’auteurs qui en investissent toutes les catégories, il est aujourd’hui en pleine effervescence. Un autre laboratoire.

30.03 2018

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