22 septembre > Essai France

C’est un livre de passion, comme tous ceux qu’écrit Pierre Pachet. Un livre de passion pour la Chine, celle d’hier, d’aujourd’hui, de toujours. Un livre qui rend hommage à son ami le philosophe Claude Lefort (1924-2010), qui a inlassablement exploré les notions de totalitarisme et de démocratie pour nous mettre en garde contre les évidences.

Pierre Pachet est né en 1937. Il n’est pas sinologue, il ne parle pas le mandarin. Sa Chine est instinctive, spontanée, appréhendée au cours de deux voyages en 2011 et 2012 comme un "sociologue en vadrouille". Dans l’empire du Milieu, il parle avec des chauffeurs de taxi, rencontre des opposants, des artistes, des étudiants, tous ceux qui incarnent cette Ame bridée par le tentaculaire Etat-Parti.

"Je suis venu ici comme je suis allé en Pologne en 1980", explique l’essayiste qui s’est beaucoup intéressé au communisme et aux pays de l’Est d’où est originaire sa famille. L’auteur d’Autobiographie de mon père (Belin, 1987) et de Devant ma mère (Gallimard, 2007) procède comme à son habitude par petites touches qu’il illustre cette fois de photographies en noir et blanc pour augmenter l’effet reportage.

Au-delà des analyses économiques et géopolitiques, il nous offre ses impressions sur la brutalité de l’industrialisation avec sa pollution, sa corruption et sa répression, une violence qu’on retrouve dans la littérature ou le cinéma chinois contemporains. A Paris comme chez les dissidents à Pékin, Pierre Pachet tente avec délicatesse de dessiner le visage des Chinois et celui de la Chine. Il se demande aussi ce que peuvent les démocraties face à ces totalitarismes d’un genre nouveau. Politique et poétique. L. L.

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