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Paul McCartney, "1964, dans le tourbillon de la Beatlemania" (Buchet-Chastel)

1964 - Photo © Paul McCartney

Paul McCartney, "1964, dans le tourbillon de la Beatlemania" (Buchet-Chastel)

En quelque trois cents photos, dans un superbe album, Paul McCartney nous plonge au cœur de la Beatlemania.

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Par Laurent Lemire
Créé le 15.06.2023 à 09h00

Cette année-là. Ce n'est peut-être pas le plus grand photographe du XXe siècle, mais c'est l'un de ses artistes majeurs, un surdoué d'où sortent les mélodies comme par enchantement. Et ce charme a pris la forme d'une déflagration à l'époque où Kennedy quittait tragiquement la scène politique à Dallas tandis qu'on fredonnait She Loves You. Pendant quelques mois, Paul McCartney a saisi tout ce qui l'entourait. Et ce qui l'entourait, c'étaient les Beatles et leur formidable onde de choc. Disparues puis oubliées, près d'un millier de photographies ont été découvertes en 2020 dans ses archives personnelles. Elles ont été prises avec un Pentax 35 mm et témoignent de la société au moment où commence la Beatlemania. Près de trois cents ont été retenues pour cette édition qui fait l'objet en parallèle d'une exposition à la National Portrait Gallery à Londres du 28 juin au 1er octobre.

« Celles que vous allez découvrir ici me montrent à l'œuvre, m'évertuant à produire un condensé de la folie qui s'ensuivrait entre fin 1963 et début 1964. » On y voit la jeunesse, la pétulance et l'insouciance qui gravitent autour du nouvel astre musical. Dans sa préface, Antoine de Caunes, qui a assisté, adolescent, à l'un de ces concerts historiques, se souvient : « Ce fut un cyclone, une gigantesque tempête d'ordre planétaire. »

Aujourd'hui, Sir Paul McCartney, sémillant octogénaire, parle de l'émotion qui l'a envahi durant ces trois mois de voyages intenses, de Liverpool aux États-Unis, en passant par Paris où les quatre garçons dans le vent jouent les touristes. Paul mitraille à tout va et John, George et Ringo prennent peu à peu de l'épaisseur et de la couleur lors du séjour à Miami. À l'Olympia, il dirige son objectif sur Sylvie Vartan qui assure la première partie. Johnny, lui, est photographié dans les studios Pathé Marconi où les Beatles enregistrent Can't Buy Me Love.

Ces années-là, Aldous Huxley disparaissait en nous laissant méditer son Meilleur des mondes et Stanley Kubrick présentait son Docteur Folamour. Cette folie d'une époque qu'Edgar Morin a baptisée les « yé-yés », on la retrouve dans ces photos prises sur le vif, sans cadre apparent, avec l'idée de saisir au vol le moment pour prendre date. On retrouve aussi le sens de l'humour des petits gars de Liverpool. Lors du concert devant la famille royale d'Angleterre en 1963, John lance devant un parterre de notables : « Que ceux qui ont les sièges à bon marché tapent des mains. Les autres, agitez vos bijoux ! »

Par la suite, les Beatles ont côtoyé des grands noms de la photographie comme David Bailey, Don McCullin ou Richard Avedon. Paul a rangé son appareil mais en 1967 une jeune photographe américaine fait un reportage sur le groupe. Deux ans plus tard, Linda Eastman épouse Paul, un an avant la séparation des Fab Four. De cette déferlante musicale, il reste cent quatre-vingt-huit chansons qui ont capté l'air du temps pour le transformer en refrain dans douze albums indémodables. D'une certaine façon, Paul McCartney a photographié le treizième. Thank you Sir !

Paul McCartney

Buchet-Chastel
Tirage: 15 000 ex.
Prix: 59 € ; 348 p.
ISBN: 9782283038420

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