20 avril > Essai Grèce > Christos Markogiannakis

On n’imaginait pas le Louvre comme une grande scène de crimes. Ceux retenus par Christos Markogiannakis font souvent appel à la mythologie, à la Bible, à l’Antiquité. On trucidait alors beaucoup et toujours avec un sens moral bien établi. Au nom de la famille, du peuple, des dieux, du pouvoir. L’historien, avocat pénaliste, qui a étudié le droit et la criminologie à Athènes et à Paris, détaille avec la gourmandise de l’enquêteur des sculptures, des vases, des peintures. Il raconte à chaque fois l’histoire de l’œuvre et invite à regarder plus loin, c’est-à-dire en changeant d’angle, en se mettant par terre, de côté, en scrutant un détail, en s’attardant sur l’arrière-plan. Avec lui nous voyons ce que l’artiste a quelquefois caché, volontairement, comme la dimension homosexuelle dans le David et Goliath de Daniele da Volterra, qui fut l’élève de Michel-Ange.

Quelquefois, c’est l’absence même du coupable qui intrigue. Pourquoi David ne représente pas Charlotte Corday dans La mort de Marat ? Aujourd’hui, on pense qu’elle est dans le tableau même si on ne la voit pas. A l’époque, le peintre proche des ultras de la Révolution et ami de la victime considérait que le nom de la jeune Normande serait vite oublié. Chaque scène est pour Christos Markogiannakis l’occasion de revisiter un mythe, un fait sanglant ou un massacre comme celui de la Saint-Barthélemy. La lecture de ce livre évidemment illustré donne surtout une furieuse envie d’aller au Louvre. Pour voir si tous ces crimes plus ou moins symboliques sont restés comme ces vices que Larbaud attribuait à la lecture. Impunis. L. L.

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