Phénomène : sur le théâtre de la guerre

Phénomène : sur le théâtre de la guerre

A la fois témoignage sur un moment historique et parcours personnel, le récit de Sorj Chalandon est un Goncourt des Lycéens 2013 qu’on n’oubliera pas.

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Par Claude Combet,
avec Créé le 15.04.2015 à 22h43 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Le quatrième mur de Sorj Chalandon rejoint le Top 20 en 14e position. Tiré au départ à 30 000 exemplaires, il a été réimprimé plusieurs fois depuis le Goncourt des Lycéens et atteint un tirage total de 120 000 exemplaires, dont 100 000 sortis. Avec le prix Goncourt 2013, Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, qui s’inscrit en 2e position derrière Astérix chez les Pictes, c’est l’unique prix littéraire présent dans le Top 20.

Grand reporter au quotidien Libération de 1973 à 2007, Sorj Chalandon, désormais journaliste au Canard enchaîné, a été le lauréat du prix Albert-Londres 1988, et a couvert les conflits au Liban, en Iran, en Irak, en Somalie, en Afghanistan, en Irlande du Nord… Mon traître et Retour à Killybegs, grand prix du Roman de l’Académie française, traitaient de l’Irlande du Nord. L’histoire du Quatrième mur (une expression qui figure la frontière invisible qui sépare les comédiens du réel) se situe au Liban, en février 1982. Sorj Chalandon s’y rend à la demande de son ami Samuel qui veut monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth, avec des acteurs de chaque camp - chrétien, chiite, druze, sunnite - en pleine guerre civile. Le livre s’ouvre sur une scène de guerre (un char menace un taxi, dont le chauffeur est tué) et l’aventure théâtrale sombre dans les massacres de femmes, d’enfants et de vieillards dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila.

Se mettant en scène comme dans ses autres livres, Sorj Chalandon va ici plus loin sur les confidences intimes : il raconte son enfance, la mort de ses parents, la passion pour le théâtre, le militantisme, son mariage avec Aurore, la naissance de sa fille Louise et son amitié avec Samuel, le juif grec. Surtout, il ne dissimule pas sa naïveté, ses faiblesses, la dépression, et la violence qu’il porte en lui. Cette sincérité, que l’on retrouve dans les interviews et dans ses interventions, a particulièrement touché les lycéens, après les libraires, qui l’ont classé en 2e position dans leur palmarès Livres Hebdo/I+C de la rentrée, après Pierre Lemaitre. Le quatrième mur est un moment d’émotion et une leçon d’humanité, qu’on n’oubliera pas. « J’ai pleuré [à l’annonce du Goncourt des lycéens] », a-t-il écrit.

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