Nos petits riens quotidiens. Après quelques recueils thématiques qui nous avaient un chouïa déstabilisés - le delermophile est fidèle, mais fragile -, Philippe Delerm revient à ce qu'il sait écrire de mieux : une collection de textes courts, miscellanées d'impressions subtiles, d'air du temps, de références à des héros (Holmes et Watson, Gaston Lagaffe...), à des lectures (La rabouilleuse de Balzac, qui l'enquiquine), à des écrivains élus. Comme Proust, dont il revisite la tombe, un peu clinquante, au Père-Lachaise ; Andersen, réhabilité par ses découpages ; le bien oublié Francis Jammes et sa neige imminente ; ou encore le merveilleux Christian Bobin, récemment disparu. La critique a d'ailleurs souvent associé Delerm à ce dernier, ainsi qu'à Éric Holder, à la mémoire de qui le présent livre est dédié, au sein des « moins que rien », ou écrivains « minimalistes ». Et c'est très bien ainsi.

Delerm n'est jamais aussi bon que lorsque, disciple du Ponge du Parti pris des choses, celui de « La figue » et de « L'abricot » « cul d'ange », il évoque une pêche « équivoque », la magie des vendanges tardives d'Alsace, ou encore la nostalgie de la 2 CV. Et, au cas où l'on croirait tout cela facile, l'auteur clôt son recueil sur un texte un peu agacé, un plaidoyer pro domo à propos de ce genre du « texte court » qu'il a inventé. Il conclut : « Certains diront que c'est un art modeste, on se demande bien pourquoi. » En effet.