Me voilà dans le train du retour de Gradignan, salon du livre de poche. Avec mon nouvel ordinateur blanc, je peux vous écrire de partout. Me reste maintenant juste à savoir ce que je vais dire. D’abord une bonne nouvelle : j’ai eu le prix Giono. Je sais que vous êtes en attente de bonnes nouvelles me concernant, que de me savoir épanoui vous titille simultanément le mollet gauche et l’oreille droite. Je vous tiens au courant pour le Femina, le Flore, et le Décembre. La remise du prix du jury Giono est dans deux jours. Il faut absolument que je relise « Le Hussard sur le toit » d’ici là, pour paraître en adéquation avec le prix. De nos jours, rien n’est plus important que d’être en adéquation (j’ai déjà bien sûr lu le Journal des Goncourt). Samedi soir, nous avons bu en regardant le match. Chose étonnante : c’était la deuxième fois que je regardais un match de Rugby. Et la fois précédente c’était une demie finale en 1999 contre l’équipe de Nouvelle-Zélande. Alors, je ne vois pas l’exploit puisque c’est une routine pour moi. Je commence à aimer le rugby : je n’ai aucune personnalité. Il y aurait une coupe du monde de dépressifs antisémites, qui sait ce que j’aurais fait ? Une compétition de guitaristes véliplanchistes, et j’aurais composé une ballade maritime. Je me fonds dans la masse. J’ai toujours eu peur d’être repéré. On ne séduit que pour ne pas prendre un train (comprenne qui pourra cette phrase.) La politesse de ton espoir. Dans le train, Serge Joncour est devant moi. Ai-je déjà pris le train une seule fois sans lui ? Comment pourrais-je alors savoir à quelle heure aller au wagon-bar ? Le train, c’est son domaine. Pour tout le reste, je prends en charge. C’est un homme qui composte. Pour la huitième fois, il réécoute le match d’hier dans son oreillette. Comme pour un livre, il souligne les meilleurs passages, et me démontre la poésie de l’Equipe. C’est beau de recomposer à l’infini. Quelque part, c’est la coupe de son monde. Ça fait une heure que j’écris ces lignes. Je suis cuit. Où est le temps du blog virevoltant ? C’est la fatigue. À cause des insomnies. Qui a une solution pour me faire dormir, pour que je me déconnecte un instant ? Il n’existe plus une seul mouton dans cette Terre qui n’a pas sauté au-dessus de ma tête. Pire que tout : ne pas dormir ça endort. On flotte. On veut tout quitter. J’ai tour à tour été joyeux et dépressif cette semaine. Il n’y a que la vérité qui compte.
15.10 2013

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