
Sans lecteurs, pas de textes, pas de livres, donc pas de rentrée littéraire. Dans ce discours inaugural prononcé à l'université de Constance en 1969, Wolfgang Iser (1926-2007) vient nous rappeler quelques évidences que nous aurions tendance à oublier face à la prolifération textuelle. Ce grand professeur de littérature comparée fut l'un des représentants de cette école allemande dite de Constance qui a entrepris, dans les années 1970, de définir les théories de la réception des textes et de la lecture.
Dans L'appel du texte, il replace la lecture au centre du dispositif. Pour lui, seule la lecture permet l'actualisation d'un texte. Elle le sort de sa léthargie, elle lui donne vie, elle l'inscrit dans le temps. A partir d'exemples puisés chez Dickens, Fielding, Thackeray, Joyce ou Beckett, Wolfgang Iser explore le mystère du texte. Il nous montre non seulement qu'il n'est pas réductible à son histoire, mais que ce sont ses vides qui permettent au lecteur de s'y installer en faisant appel à son imaginaire personnel. C'est cette oscillation entre réalité extérieure et expérience qui produit la magie de lire.
"Le texte littéraire ne peut se réduire complètement à la réalité objective du "monde vécu", pas plus qu'aux connaissances pratiques du lecteur." Tout comme le lecteur est interpellé par le texte, l'auteur interpelle le lecteur. En quelques pages denses, précises et justes, Wolfgang Iser vient nous redire l'essentiel. Avec une conclusion qui ne peut que susciter une approbation générale. "Les textes de fiction sont en avance sur notre expérience de la vie." Enfin, les bons...