Aux campagnes de pression sur les éditeurs, mais aussi sur les libraires et les bibliothécaires menées sur Internet et les réseaux sociaux pour leur faire retirer de leur catalogue ou de leurs rayonnages tel ou tel livre jugé offensant pour une raison ou pour une autre, s'ajoutent désormais les manifestations visant à perturber ou empêcher des débats en librairie. Certes, comme l'observe dans un communiqué le Syndicat de la librairie française, des actions comme celles qui ont vu des manifestants détruire un stock de livres de François Hollande à la librairie Meura à Lille ou perturber une rencontre entre l'ancien président de la République et des jeunes à la librairie Folies d'encre de Montreuil « témoignent de la radicalisation des oppositions politiques au sein de notre société ». Mais, parce qu'elles sont conduites dans des lieux voués à la réflexion et à l'échange, on ne saurait les banaliser en les réduisant aux manifestations de colère un peu vigoureuses qui se multiplient par ailleurs. Comme le souligne le SLF, « on ne peut interdire le débat au nom du droit à faire entendre un désaccord politique ».

L'un des paradoxes de l'opération d'intimidation mise en œuvre le 19 février chez Folies d'encre, c'est que si elle visait explicitement le bilan et les options politiques de François Hollande, ceux-ci n'étaient pas l'objet de son invitation à la librairie. Il participait à un débat avec des enfants autour de son livre illustré pédagogique, Leur République expliquée aux jeunes et aux moins jeunes, publié par Glénat Jeunesse dans sa collection « Quand ça va, quand ça va pas ». L'ancien président y écrit notamment que « quand ça va pas »,« le dialogue entre les dirigeants et les gens ne fonctionne plus. Les uns n'écoutent pas pour décider. Les autres ne cherchent plus à discuter. Le désordre s'installe. C'est la crise. La République peut être en danger. » Il n'a pas tort ! Et si la librairie ne sauvera pas la République, la République, elle, a intérêt à protéger la librairie.

Les dernières
actualités