Rentrée littéraire

Les libraires qui assisteront à la soirée de présentation de la rentrée littéraire de L’Olivier, le 23 juin à Paris, repartiront avec une des œuvres majeures de la littérature contemporaine, traduite près de vingt ans après sa publication aux Etats-Unis : L’infinie comédie de David Foster Wallace, un solide volume de 1 500 pages (27,50 euros), mis en vente le 20 août prochain. Pour les libraires, il est accompagné d’un tiré à part de Jonathan Franzen, autre grande figure de la littérature américaine, qui rend hommage à cet ami et auteur hors norme, encombré de son talent bouillonnant - David Foster Wallace a mis fin à ses jours en 2008, à 46 ans.

"Nous l’avions d’abord annoncé pour 2014, mais la traduction nous a finalement pris plus de trois ans, en raison de la longueur de l’ouvrage, de la richesse et de l’inventivité de son écriture", reconnaît Olivier Cohen, le P-DG de L’Olivier, qui s’est lancé dans ce projet sur la proposition de l’agent littéraire Bonnie Nadell. Wallace était jusqu’alors traduit au Diable Vauvert (resté injoignable), qui publie aussi en septembre un essai de l’écrivain, C’est de l’eau, et qui a confié à J’ai lu les rééditions en poche. La reprise du Roi pâle, roman inachevé de Wallace, est ainsi annoncée pour le 19 août.

L’infinie comédie se situe dans un futur vaguement inquiétant, poisseux de chaleur, prolongation des travers d’une société occidentale abrutie d’addictions, de médicaments, de télévision. L’intrigue se noue autour du contrôle d’un programme de divertissement si total qu’il en devient mortel. Wallace y multiplie les registres de langage et d’expression, fouille la psychologie et les obsessions de ses personnages dans les moindres recoins, avec une ironie attendrie devant leur solitude, qu’il a lui-même intensément éprouvée.

" Infinite jest, le titre d’origine, est inspiré d’une des répliques les plus connues d’Hamlet, et c’est la clé du livre, à la fois tragédie et comédie", analyse Olivier Cohen. Lors de sa publication en 1996 chez Little, Brown and Company, le roman avait immédiatement soulevé des commentaires passionnés, critiques (rares) ou follement enthousiastes (bien plus nombreuses). Pour L’Olivier, qui ajoute l’œuvre manquante à son riche catalogue de littérature nord-américaine, c’est le pari de la rentrée, à la fois éditorial et économique : entre la traduction (sans l’aide du CNL) et le tirage à 15 000 exemplaires, l’investissement tourne autour de 100 000 euros.

Hervé Hugueny

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