1991

Nous sommes à Missoula (Montana). Du toit de sa maison, dans la forêt, Richard Ford observe les incendies qui embrasent les crêtes et se demande ce qui se passerait si le vent venait à tourner. Cette rêverie est à l'origine d'Une saison ardente. Depuis longtemps, Ford voulait montrer que le "great american novel" était en réalité le roman court, comme Gatsby (Fitzgerald), La sagesse dans le sang (Flannery O'Connor), mais aussi L'étranger de Camus ou Premier amour de Tourgueniev. (Ce qui tendrait à prouver que le roman américain est fondamentalement français... ou russe.) Une saison ardente est un roman parfait. Sa concision tranche avec le monumental Indépendance qui, cinq ans plus tard vaudra à son auteur le prix Pulitzer.

Ami intime de Carver (qui me le présenta en 1985), Richard Ford a publié à L'Olivier la totalité de son oeuvre. C'est à lui que revint le privilège d'ouvrir le bal : en février 1991, Une saison ardente sortit de l'imprimerie, tandis que les missiles Tomahawk s'abattaient sur Bagdad. Nous venions de publier notre premier livre.

Les dernières
actualités