Point de fuite. Se prénommer Charles et être roi d'Angleterre n'a jamais promis l'adulation des sujets de l'empire ni auguré d'un règne serein. Le troisième du nom ne s'en sort pas si mal, malgré sa tête à claques et le fantôme prégnant d'une épouse iconique disparue sous le pont de l'Alma, elle-même descendante de Charles le second par une branche illégitime. Pour le Charles II en question, noceur et veule à la fois, cela aurait pu être pire. Quant au premier, pas trop porté sur le respect du peuple, il se prit la vindicte en pleine face et fut décapité le 30 janvier 1649 par la première révolution autant puritaine que populaire d'Europe.

C'est une douzaine d'années plus tard, après la chute du protectorat d'Oliver Cromwell et la restauration de la royauté, que Robert Harris situe sa nouvelle cavalcade historique. Coupables d'avoir voté l'exécution de Charles 1^er et poursuivis jusqu'en Amérique par Richard Nayler, précédemment victime puis ennemi juré n'acceptant aucune miséricorde, le colonel Edward Whalley et son gendre le colonel William Goffe, ex-officiers de la New Model Army, souffrent autant de l'exil que de la débandade de leur camp. Il leur faut néanmoins éterniser la fugue, au plus près des dangers, au plus loin de leur chère famille restée au pays, elle-même rudement mise à l'épreuve des changements de régimes.

Entre érudition pointilleuse et traque romancée, Les régicides prouvent une fois encore le talent de leur auteur pour les récits au long cours, datés et costumés. S'il existait un prix Carbone 14...