17 août > Roman Mexique > Valeria Luiselli

Mexicaine avec des origines italiennes, vivant aux Etats-Unis, écrivant ses livres en espagnol puis les réécrivant en anglais, dans des versions différentes (ce qui est le cas, dans une certaine mesure, pour la version française adaptée de la version anglaise), la jeune Valeria Luiselli, dont Actes Sud avait déjà publié Des êtres sans gravité en 2013, confirme ici son singulier talent. L’histoire de mes dents est un olni, un objet littéraire non identifié, réjouissant, conçu par la romancière à partir des épisodes d’un feuilleton imaginé en collaboration avec les ouvriers et les ouvrières de Grupo Jumex, une usine de jus de fruits d’une banlieue défavorisée de Mexico, qui a aussi une galerie d’art. C’est comme ça que débute d’ailleurs le roman, dont le héros, Gustavo Sánchez alias Grandroute, est agent de sécurité depuis dix-huit ans dans cette usine. Mais, à 40 ans, sa vie bascule : promotion, mariage avec la riche Flaca, qui l’entretient, lui paye des études pour qu’il devienne "le meilleur commissaire-priseur du monde". Sa spécialité ? Les dents. Celles des autres, qu’il collectionne, ou les siennes, qu’il revend, en les attribuant à des écrivains illustres (de Platon à Borges), jusqu’à ce qu’il se fasse méchamment dépouiller par son fils Siddartha.

Impossible de résumer cette cascade de péripéties absurdes, ce petit bijou de nonsense dont la composition à tiroirs est aussi farfelue que le fond. Il faut même le relire plusieurs fois pour en apprécier toutes les subtilités.

J.-C. P.

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