Giuseppe Penone, c'est une image, presque un cliché : celle d'un homme enlaçant un arbre, reproduite dans des livres sur l'Arte povera, >ce mouvement italien >identifié dans les années 1960 par >le >critique d'art Germano Celant. Penone, c'est l'artiste qui s'est demandé ce que cela ferait d'être un arbre ? d'être une rivière ? Depuis la série Alberi (Arbres) où le sculpteur, d'une poutre de bois, dégage un jeune arbre en ôtant ses anneaux de croissance, en passant par Soffio (Souffle) ou encore Essere fiume (Etre fleuve), qui présente deux pierres, l'une trouvée dans le lit d'une rivière et sa reproduction à l'identique par la main de l'artiste, Penone, né en 1947 dans le Piémont, a créé en plus de quarante ans des oeuvres diverses et complexes en relation profonde avec la nature, qui mettent l'accent sur le processus pour éprouver la matière du temps.
Sous la direction de Laurent Busine, directeur du musée des Arts contemporains au Grand-Hornu en Belgique, cette monographie réunit les contributions de plusieurs spécialistes : Benjamin Buchloh, professeur d'art moderne à Harvard, dialogue avec l'artiste dans un entretien approfondi, réalisé en mai dernier, familier et érudit à la fois, dans lequel Penone revient sur ses sources d'inspiration et ses influences. Didier Semin, professeur à l'Ecole supérieure des beaux-arts de Paris - où Penone intervient -, signe un texte éclairant qui interroge, à partir de l'installation L'arbre des voyelles, un grand chêne de bronze couché depuis 1999 dans le jardin des Tuileries à Paris, "sa magnifique tentative de réenchantement du monde", tandis que Laurent Busine propose un parcours en sept mots clés.
Bien sûr, ce livre, comme tous ceux consacrés aux oeuvres en volume, ne peut pas restituer toutes les dimensions des sculptures de Penone, ni l'expérience physique du face-à-face pour le spectateur, mais il offre de nombreuses fenêtres pour ouvrir plus grands les yeux.
