Sept correcteurs assignent Harlequin aux prud'hommes

Sept correcteurs assignent Harlequin aux prud'hommes

Les travailleurs à domicile reprochent à leur employeur des manquements dans l'exécution de leur contrat de travail.

avec mlk Créé le 15.04.2015 à 22h43

Sept correcteurs de la société Harlequin, filiale commune du groupe canadien éponyme et d'Hachette Livre, tous travailleurs à domicile, accusent leur employeur de manquements graves dans l'exécution de leur contrat de travail et ont saisi le conseil des prud'hommes, qui a siégé mardi 8 février pour une audience qui a duré quatre heures.

Le contentieux remonte à août 2007, quand l'éditeur de romans sentimentaux décide d'appliquer l'annexe IV de la Convention collective de l'édition, étendue le 4 juillet de la même année, qui prévoit que “le correcteur à domicile, tel qu'il est défini à l'article 1er, est rémunéré sur la base de 12 000 signes à l'heure pour la lecture avec copie et de 15 000 signes à l'heure pour la lecture sans copie pour les travaux courants.” Les correcteurs étaient jusqu'alors rémunérés au nombre de pages.

L'espace en question


Harlequin continue à rémunérer le travail sur certaines collections (Audace, Azur, Black Rose, Blanche, Historiques, Horizon, Passions) au forfait, calculé sur le nombre moyen de signes par collection, tandis qu'il rémunère les autres séries en fonction du nombre de signes à corriger, soit 0,68 euros pour 1 000 signes. Le problème, selon les correcteurs, vient de ce qu'Harlequin ne considère pas les espaces - en moyenne 20 % d'un texte - comme des signes, ce qui, dénoncent les correcteurs, représente “une sous-estimation conséquente du taux horaire”.

Pour manifester leur désapprobation, les correcteurs refusent d'indiquer la mention “lu et approuvé” sur leurs bons de commande. La direction propose alors une augmentation salariale de 12,5%. Après avoir conclu un accord collectif d'entreprise signé par la CFDT, le 10 février 2010, elle propose un choix aux salariés : considérer l'espace dans le décompte des signes, à condition que les correcteurs acceptent individuellement une modification à la baisse de leur taux horaire, ou maintenir le taux horaire initial, sans comptabiliser les espaces.

“Un non-choix”, s'indigne Maître Sylvain Roumier, avocat des correcteurs, ce que réfute Maître Olivier Rodolphe, avocat de la défense, arguant du fait qu'il s'agit d'un “accord collectif pour lequel la délégation unique du personnel a été consultée et pour lequel elle a remis un avis favorable, accord refusé par sept mauvais coucheurs.”

Lecteur ou correcteur?


Certains correcteurs accusent également leur employeur d'avoir mis en place “des contrôles inopinés” de leur travail, opérés à la suite de la saisine du conseil de prud'hommes le 17 novembre 2009, relectures opérées “sans avertissement préalable”. Pour la défense, ce sont des courriers de lectrices indignées par des fautes de syntaxe qui auraient amené Harlequin à procéder à des relectures.

Le désaccord porte plus généralement sur le statut de “correcteur” sous lequel ont travaillé les sept salariés concernés. Ils estiment avoir fait davantage que des corrections orthographiques et syntaxiques et avoir procédé à des réécritures, ce qui devrait les faire passer sous la classification de “lecteur correcteur C2a” et leur permettre d'être mieux rémunérés. Une question complexe dans la mesure où il est difficile de déterminer quand la correction cède la place à la réécriture, et sur laquelle les magistrats des prud'hommes devront trancher. Leur décision est annoncée au 12 mai prochain.
15.04 2015

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