7 mai > Essai France

Sébastien Lapaque- Photo MARC MELKI/ACTES SUD

Pas de voyage sans guide. Entendons par là non pas les volumes revendiqués comme tels et dont la finalité est de substituer des "devoirs de vacances" au regard amoureux du flâneur, d’abolir le hasard pour instaurer le règne de la nécessité, mais un compagnon de voyage dans les pas duquel se glisser. Et ce sera Venise avec Morand, l’Irlande avec Déon, Madrid avec Veilletet. Pour Sébastien Lapaque, ce sera Rio de Janeiro, dans l’ombre magnifique de son maître Georges Bernanos. Cette ville qu’il a moins vue sans doute qu’il n’a été observé et finalement révélé par elle. Qu’il a traversée et qui l’a traversé… Rio, son beau souci, qu’il ne cesse de visiter encore et encore, qu’il n’a au fond plus jamais quittée. Aussi, après (entre autres titres) Court voyage équinoxial : carnets brésiliens (Sabine Wespieser, 2005) ou La convergence des alizés (Actes Sud, 2012), offre-t-il, en guise de bilan d’étapes d’une fascination toujours vive, une aussi inspirée que mince et dense Théorie de Rio de Janeiro.

D’emblée, Lapaque donne le ton. "Il y a un seul monument à visiter au Brésil, c’est son peuple." Pour le reste, il se promène. Il prend des taxis à l’aube, s’en va "robinsonner" sur une île, visite des églises, croise ses fantômes familiers (Zweig bien sûr, Lévi Strauss, Cendrars), boit des bières fraîches à l’ombre du stade Maracanã. Il écrit sur le motif, à même la peau, poétique des clichés - "Certain jours, Rio, ce n’était plus la fièvre des avenues, la fraîcheur sous les arbres et la langueur des plages. C’était un mélange de soleil et d’hélicoptères". Dans le ciel, des oiseaux tropicaux poussent la chansonnette et les avions tournent la page. C’est très beau. C’est très juste. On s’y croirait.

O. M.

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