24 avril > récit France

Les 497 brefs fragments de Iremember de Joe Brainard (Actes Sud, 1997, repris en Babel), peintre, dessinateur et collagiste américain, ont inspiré à Georges Perec son fameux Je me souviens (Hachette Littératures, 1988). Lequel a notamment ensuite incité Eric Fottorino à signer Moi aussi je mesouviens (Balland, 1992).

Gilles Jacob- Photo PHILIPPE MATSAS/FLAMMARION

C’est cette fois au tour de Gilles Jacob de s’essayer à l’exercice au fil d’un volume très réussi, Les pas perdus. Le président du Festival de Cannes a cherché à « faire revivre le passé, présumé disparu » à l’aide d’une série d’évocations qui s’étalent sur un demi-siècle, des années 1940 aux années 2000. L’occasion de brosser en creux une manière d’autoportrait.

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Celui d’un homme, né sous le signe du Cancer le 22 juin 1930, qui a « fait Lettres » et a été employé de banque, comme Somerset Maugham, Giono et Apollinaire, avant de s’immerger totalement dans le monde du cinéma. L’auteur du Fantôme du capitaine (Robert Laffont, 2011, repris en Pocket) parle ici tout à la fois de Truffaut et de Godard, de Giscard d’Estaing et de Mitterrand. De course et de marche à pied. De Murnau et de Billy Wilder. De Bohumil Hrabal et de La grande bouffe de Marco Ferreri, un film culte, conçu grâce à un déjeuner chez Prunier et un besoin d’acheter du parmesan un dimanche à Paris.

Gilles Jacob a des traits de plume souvent d’une justesse confondante. Il se laisse aller aux associations d’idées et de mots avec brio. Parle de l’émotion que peut provoquer la vue d’un genou féminin comme celle causée par les amis morts du sida. D’une note à l’autre, il assemble les moments de vie et de cinéma qui l’ont marqué, croque les lieux et les êtres, distille les anecdotes savoureuses.

« Si ce retour à la vie d’instants, de bouts d’actualité, de gens célèbres ou inconnus, de comptines, de livres ou de films intéresse ou fait sourire le lecteur, s’il en reconnaît certains ou les croise avec les siens, j’aurai atteint mon but », avance Gilles Jacob. Qu’il soit rassuré, la mission est parfaitement accomplie. Al. F.

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