24 avril > entretiens France

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Ça commence dans les pages de Je suis partout et ça se termine dans celles des Cahiers du cinéma. Entre les deux, des Anges du péché à L’argent, quarante ans et treize films, pour l’une des œuvres du cinéma français de l’après-guerre. Une œuvre conçue dans le silence, la réflexion, au prix aussi d’une altière solitude. Robert Bresson aimait à citer les Ecritures : « Toute parole oiseuse te sera comptée. » La rareté de sa parole fait donc tout le prix de ce Bresson par Bresson, recueil d’entretiens accordés parcimonieusement par le maître tout au long de sa carrière, compilés par sa fille, Mylène, et préfacé par Pascal Mérigeau.

Ce que l’on découvre d’abord, c’est que si Bresson parlait peu, il ne le faisait pas avec n’importe qui. Il répond ici aux questions et à l’admiration mêlées de François-Régis Bastide, Jean-Luc Godard, Roger Stéphane, François Weyergans ou Serge Daney. On en passe et des non moins prestigieux. La qualité de ses interlocuteurs l’autorise à déployer une pensée du cinéma qui se distingue d’abord par sa cohérence absolue. Il aime à rappeler qu’il fut peintre avant d’être cinéaste et définit son art comme « la mise en rapports » des éléments qui le constituent. Il se défie avant tout d’un cinéma qui n’aurait su s’affranchir de son héritage théâtral, justifiant ainsi d’utiliser pour l’essentiel des comédiens non professionnels. Il est redoutablement intelligent, laconique et parfois lumineux (interrogé par Douchet sur la montée de ce que l’on n’appelait pas encore la « nouvelle vague », il répond : « Y a-t-il vraiment une jeune école ? Il y a que le cinéma vient à point. A d’autres époques, les grands esprits voyaient de loin les sujets, restaient à distance. Maintenant, on s’approche. Le cinéma est l’instrument adéquat pour ce rapprochement. » Il est parfois aussi presque loufoque Je crois que Pickpocket sera aimé des Japonais à cause de sa précision. Les Japonais sont des gens précis, des marins, des hommes qui savent faire des nœuds »)… Il ne se moque ni du monde, ni de son art. Il force le respect et impose une attention fervente. O. M.

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