15 JANVIER - ROMAN France

Claire Berest- Photo THIERRY RATEAU/LÉO SCHEER

Dans ce deuxième roman, l'amour est encore la grande affaire de Claire Berest : Mikado était le récit d'une jeune fille prise dans les restes d'un infernal imbroglio amoureux ; dans L'orchestre vide, le désir suit une trajectoire moins sinueuse puisqu'il a l'évidence du coup de foudre. Alma, étudiante en lettres, va aux Eurockéennes de Belfort. Elle tombe sur un bel inconnu de langue anglaise qui lui lance le plus sérieusement du monde : "Would you marry ?" John est chanteur, c'est même le leader d'un groupe. Il est sur scène, elle de l'autre côté. Chacun se perd de vue. Jusqu'au jour où, en Bretagne, lors d'une autre manifestation musicale, elle revoit le rocker canadien. "Quelles étaient les chances de se croiser dans un festival ?" Et l'amour de transformer le hasard en destin. Alma abandonne le DEA sur Racine qu'elle s'apprêtait à faire, et la voilà sur la route avec John. Londres, New York, Los Angeles, San Diego... Le couple devient "une secte à deux", "une organisation bicéphale". Pour Alma, l'existence revêt la forme d'un nomadisme bohème.

Claire Berest réussit à rendre l'éblouissement de la jeunesse qui s'emballe. Sur fond de riffs électrisés, l'auteure née en 1982 dépeint les tournées, les concerts, les bars, les nuits blanches... Mais la fusion que la narratrice vit avec John lui fait oublier que c'est elle qui le suit. L'orchestre vide raconte cette passion, et cet oubli de soi, c'est également le récit de l'apprentissage de la liberté. Alma se met à chanter. Et c'est non seulement sa voix qu'elle apprivoise, mais également sa voie qu'elle apprend à maîtriser.

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