Dans le précédent épisode, nous avons, avec l'aide d'une intelligence artificielle entraînée à aider les écrivains, construit le plan et les personnages de notre histoire. Maintenant, il faut l'écrire.
Chapitre 5 : Combler les trous
Notre outil préféré : la barre de recherche qui invite à poser toutes sortes de questions et à exprimer nos sollicitations. Demander à affiner la psychologie du héros, donner une liste des costumes pour les grandes occasions au XIIe siècle… Les connaissances données peuvent être incorrectes ou biaisées, prévient le logiciel.
On lui demande ce qu'il pense de Livres hebdo. Réponse : « En tant qu'assistant d'IA, je n'ai pas la capacité de penser ou d'avoir des opinions sur des publications particulières. Cependant, je peux vous dire que Livres Hebdo est un magazine professionnel français consacré à l'actualité du monde de l'édition et de la librairie. Il fournit des informations sur les sorties de livres, les événements littéraires, les tendances du marché, etc. Pour les professionnels de l'édition et ceux qui s'intéressent à ce domaine, Livres Hebdo peut être une source d'informations utile et intéressante ». OK.
Genario génère également des passages complets à partir d’une idée (« un ancien mafieux se reconverti en nounou ») ou d’une scène déjà écrite de notre roman. Avec trois contraintes au choix : la tonalité (épique, didactique, ironique…), le sens principal (ouïe…) et le format (court ou long). Nous choisissons fantastique et intéroception, puis voulons que « Franklin rencontre son ennemi », ce qui donne :
« Franklin était arrivé trop tard. Il savait que c’était inutile, après toutes ces années à se préparer à la fin, mais sa volonté de combattre avait encore survécu. Il s'arrêta et se retourna pour faire face à son ennemi.
L'ennemi était là, se tenant devant lui dans un silence menaçant. Franklin pouvait sentir le pouvoir qui émanait de cet être ancien qui lui faisait face. Sa peur était palpable, mais il était bien décidé à supporter ce qu'il allait affronter.
« Tu es venu pour me chercher? », demanda-t-il à l'ennemi d'une voix calme et assurée.
« Oui, je suis venu te chercher », répondit l’ennemi avec une grande assurance. « Je suis ici pour te ramener dans le royaume des ombres où tu devras affronter ton destin.»
Franklin sentit son intéroception lui murmurer de ne pas accepter cette offre et de trouver une autre solution. Il devrait trouver un moyen de sortir de ce piège magique qui s’était refermé sur lui et déjouer les plans de son ennemi pour survivre. »
Chapitre 6 : Corriger le texte
Des récurrences ? L’application se charge de suggérer des synonymes, mais pour le moment souvent déconnectées du contexte. Pratique : détecter les phrases complexes, lourdes, la voix passive, les adverbes, les verbes pauvres et les intensifieurs (dont il ne faut pas abuser, avise-t-il). Comme un exercice de style à la Raymond Queneau, il peut reformuler un paragraphe dans un autre registre.
Nous optons pour « comique ». Pas tellement convaincant : « Avec détermination, il se dirigea vers l’inconnu afin de terrasser les forces obscures et de sauver son monde du chaos imminent. Franklin est ainsi récompensé pour son sens intérieur et sa volonté inébranlable, digne d'un Prix Nobel de Littérature ! » Comme notre texte ?
Chapitre 7 : Faire appel à des humains
On aimerait tout de même recueillir l’avis de nos pairs. Nous pouvons partager notre texte aux autres utilisateurs, qui peuvent lui attribuer une note. A partir du 16 avril la plateforme va proposer des défis. Et chaque mois, se tient un concours des meilleurs synopsis, tous genres confondus. Les jurés sont producteurs, éditeurs, journalistes, écrivains, tels que la directrice de Gallimard série noire Stefanie Delestré, Caroline Marson (éditrice chez Albin Michel), ou encore les écrivains Eric Garandeau et Daniel Picouly.
Nous gardons l’entièreté des droits-d’auteur, bien que nous ayons été épaulés par l’IA. Netflix s’est bien fait aider par le big data pour monter House of Cards !
"C’est un fantasme de croire que l’IA va remplacer l’écrivain"
DR - David Defendi, fondateur de Genario
3 questions au fondateur de Genario, David Defendi.
Un écrivain qui se fait aider par une intelligence artificielle, c’est la fin du génie créateur ?
L’IA donne des idées, apporte des connaissances intéressantes, mais c’est à l’écrivain de retravailler son texte pour en faire un roman. C’est un fantasme de croire que l’IA va remplacer l’écrivain. C’est plutôt une muse technologique, on converse avec elle de manière ludique. Elle fait même des maladresses, et cet accident sera déclencheur d’une scène qui n’était pas prévue.
Des romans ont-ils été publiés avec Genario ?
Le château des aigles, de Bruno Rébufie (City Editions). D’autres sont en cours de lecture par les éditeurs. On compte plus de mille utilisateurs actifs. Parmi eux, certains sont déjà romanciers, comme Jean-Marc Ligny, auteur de science fiction qui s’essaie au scénario. Et on reçoit 350 textes par mois sur la plateforme de synopsis. Elle permet aux auteurs d’être notés par plusieurs milliers de lecteurs, puis par un jury d’éditeurs et de producteurs. L’idée est que l’IA fasse émerger des talents, et que cette plateforme leur donne une visibilité.
Quelles sont les nouvelles fonctionnalités qui vont prochainement être mises en place ?
Discuter avec les personnages de son propre texte, leur poser des questions… Et accéder aux interactions entre les personnages, leur faire jouer des scènes de dispute par exemple.
De la même manière, on va bientôt pouvoir dialoguer avec les chefs d'œuvre de la bibliothèque. Un auteur de polar pourra poser des question à Sherlock Holmes ou à des médecins légistes, qui l’aideront dans son enquête policière.
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