Tintin bientôt adapté en québécois

Tintin bientôt adapté en québécois

Annoncé pendant le Salon du livre de Montréal, le lancement d'une “traduction” de Coke en stock suscite la polémique dans une province où l'on ne badine pas avec la langue.

Par Fabrice Piault,
avec fp Créé le 15.04.2015 à 21h52

L'annonce de la préparation par Casterman d'ici 2010 d'une édition en québécois de l'album Coke en stock, 19e des “Aventures de Tintin”, dont la première édition est parue en 1958, a créé l'effervescence au Québec où elle est intervenue pendant le Salon du livre de Montréal qui ferme ses portes le 24 novembre.

Tintin “va certainement aller “aux vues”, “brasser la cage” de ses ennemis et regarder le “tannant” Abdallah “brailler”, s'amuse le quotidien montréalais Le Devoir, qui révèle l'information dans son édition du 20 novembre en pointant que le capitaine Haddock “va devoir réviser ses jurons”.

L'éditeur des collections Hergé chez Casterman, Etienne Pollet, a précisé au Devoir que la relecture linguistique ne constituera “pas une traduction”, mais qu'il s'agit de “donner une résonance régionale à Tintin” comme l'éditeur le fait ailleurs dans le monde et notamment en Europe avec des éditions en gaumais, en occitan ou en picard tournaisien.

Le québécois, simple langue régionale?
En charge de l'adaptation, le sociologue et tintinologue Yves Laberge, professeur honoraire de philosophie à l'Université Laval, y voit “un clin d'oeil respectueux à l'oeuvre d'Hergé” qui “ne va pas rendre le récit plus compréhensible pour les gens d'ici” mais “va nous permettre de faire comme si le français du Québec était une langue”.

A l'inverse, le linguiste Claude Poirier se dit dans le quotidien québécois “farouchement opposé” à l'entreprise, au motif qu'“un Tintin en québécois va donner l'impression que la langue qui se parle ici est un dialecte ou une langue étrangère au français”, alors que “ce n'est pas une langue régionale, c'est une variété nationale du français”.

L'auteur québécois de BD Michel Rabagliati craint aussi qu'il y ait “peut-être un petit quelque chose d'insultant à considérer le français du Québec comme une langue régionale”. Mais, précise-t-il au Devoir, “si c'est juste pour un titre et si c'est bien fait, ça peut être rigolo”.
15.04 2015

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