Les amateurs de (re)découvertes reconnaissent la couverture rouge au premier coup d’œil, les libraires lui réservent une place de choix : « Les cahiers rouges », la collection de semi-poche de Grasset, fête ses 30 ans. Trente ans à faire vivre le fonds de la maison, de Charles Bukowski à Bernard Frank, en passant par Irène Némirovsky, Jean Giono, Raymond Radiguet, Thomas Mann, Stefan Zweig, Annie Proulx, V. S. Naipaul…, mais aussi à exhumer d’autres textes comme Aristote à l’heure du thé d’Oscar Wilde. L’éditeur et écrivain Charles Dantzig, qui la dirige depuis une dizaine d’années, a peaufiné son programme. Le 2 mai ont ainsi paru Albertine disparue de Marcel Proust (dans l’édition de 1987 de Grasset), L’importance d’être constant d’Oscar Wilde (le texte de la pièce telle qu’elle était jouée du vivant de l’auteur, nouvelle traduction de Charles Dantzig), Ecrits sur l’art d’Ingres et Quand Satan raconte la terre au bon Dieu de Mark Twain. Le 29 mai suivront Le bonhomme Lénine de Curzio Malaparte, Le repos du guerrier de Christiane Rochefort et La cour du Roi-Soleil de Frantz Funck-Brentano.
Créés en 1983 par Jean-Claude Fasquelle, « Les cahiers rouges » se sont imposés comme une référence dès les premiers titres, signés Thomas Mann, Louis Guilloux, Franz Kafka, Joseph Delteil, François Nourissier, Pierre Mac Orlan, Paul Morand… Trente ans après, il s’agit toujours de « mettre à la disposition du public ce que les Américains appellent les classiques modernes, dans une collection moins chère [autour de 10 euros, NDLR], soignée matériellement car tous les titres sont recomposés et non simplement flashés », résume Charles Dantzig. Les romans français et étrangers du fonds Grasset, l’histoire de l’art, les journaux intimes et Mémoires nourrissent les 12 à 16 titres annuels. En 2000, le P-DG Olivier Nora a remplacé le liseré noir de la couverture typographique par un bandeau affichant les yeux des auteurs en noir et blanc. Parmi les grands succès de la collection, on trouve Marie-Antoinette de Zweig, En Patagonie de Bruce Chatwin, Vies des artistes de Giorgio Vasari, Chronique d’une mort annoncée de García Márquez, Technique du coup d’Etat de Curzio Malaparte, Les enfants terribles de Cocteau… Quatre cent vingt titres ont été publiés et « tout le fonds est disponible, selon Charles Dantzig. Chaque année, nous vendons 30 000 exemplaires des nouveautés ». Pas de raison, donc, de changer une recette qui fonctionne. Pour leur anniversaire, « Les cahiers rouges » offrent, pour l’achat de deux titres, un fac-similé de l’édition de 1958 de Mon amitié avec Marcel Proust de Fernand Gregh.
Catherine Andreucci
