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Un éditeur arrêté à Londres "pour avoir participé à des manifestations en France"

La Foire du livre de Londres - Photo Anne-Laure Walter/LH

Un éditeur arrêté à Londres "pour avoir participé à des manifestations en France"

Ernest M., responsable des droits étrangers aux éditions La Fabrique, a été arrêté à Londres dans la soirée du 17 avril au motif qu’il aurait participé à des manifestations en France et « sous prétexte de vérifier qu’il n’est pas sur le point de commettre des actes terroristes », rapporte son employeur dans un communiqué. La Fabrique dénonce « une complicité » de la police britannique avec les autorités françaises et appelle à manifester devant le consulat britannique ce mardi 18 avril à partir de 20 h.

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Par Charles Knappek,
Créé le 18.04.2023 à 16h55 ,
Mis à jour le 19.04.2023 à 10h56

Ernest M., responsable des droits étrangers aux éditions La Fabrique et pour Alain Damasio (chez La Volte), a été arrêté à Londres dans la soirée du 17 avril lors de sa descente de train à la gare de St Pancras. Le jeune éditeur (qui ne souhaite pas que son nom soit divulgué) était en déplacement dans le cadre de la Foire du livre de Londres pour laquelle il avait prévu plus de 30 rendez-vous avec des maisons d’édition étrangères.

Selon un communiqué publié mardi 18 avril par La Fabrique, Ernest M. a été interpellé par des policiers britanniques en application du « Schedule 7 du Terrorism Act 2000 », un texte qui prévoit que le fait de ne pas transmettre les codes d’accès à son ordinateur et à son téléphone portable est susceptible de caractériser un délit et d’entraîner des poursuites judiciaires.

Mais les motifs réels de l’arrestation sont encore inconnus. Dans son communiqué, La Fabrique indique que « pour justifier cette décision, les policiers ont argué du fait qu’Ernest aurait participé à des manifestations en France ». Il aurait ensuite refusé de se soumettre à la demande des policiers d’accéder à ses appareils, tombant ainsi sous le coup du « Schedule 7 du Terrorism Act 2000 ».

L’éditeur faisait le voyage avec sa collègue de La Fabrique, Stella Magliani-Belkacem. Cette dernière n’a pas été interpellée et, selon nos informations, n’a dû se soumettre à aucun contrôle de la part de la police britannique, ce qui fait dire à Me Marie Dosé, l’avocate d’Ernest M. contactée par Livres Hebdo, qu’il « ne peut en tout état de cause s’agir d’un contrôle de routine dans un tel cadre ».

Selon l’avocate, la police britannique semble avoir été renseignée par son homologue française. C’est aussi ce qu’indique La Fabrique dans son communiqué. La maison d’édition évoque « une complicité » entre les autorités des deux pays. « Il y a tout lieu de croire que cette interpellation visant à obtenir des données personnelles et professionnelles de mon client soit en lien avec la France, puisque les polices aux frontières française et britannique l’ont retenu si longtemps à son départ qu’il a raté son train et a dû prendre le suivant, poursuit Marie Dosé. Si tel était le cas, nous ne pouvons que dénoncer cette instrumentalisation et cette forme de sous-traitance judiciaire qui portent nécessairement atteinte aux droits fondamentaux de mon client. »

À l’heure d’écrire ces lignes, Me Marie Dosé n’était toutefois pas en mesure de confirmer que la police française est à l’origine de l’arrestation de Londres. Interrogés par Livres Hebdo, les services du ministère de l’Intérieur n’ont de leur côté fourni aucune réponse pour le moment.

Les éditions La Fabrique, qui exigent la libération d’Ernest M., appellent à un rassemblement de soutien à leur collaborateur ce mardi 18 avril à partir de 20 heures devant le consulat britannique, 16, rue d’Anjou, dans le 8e arrondissement de Paris. Une mobilisation aura lieu en même temps à Londres devant l’Institut français.

Ernest M. a été libéré sans poursuite

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