7 SEPTEMBRE - RÉCIT France

Melvil Poupaud- Photo DR

Tout petit déjà, le jeune Melvil Poupaud ne rêvait que d'une chose : devenir écrivain. Et aussi jouer du rock'n'roll, puisqu'il apprit la batterie tandis que son frère aîné, Yarol, étudiait la guitare. Ce qui leur a permis, quelques années plus tard, de créer Mud, un groupe resté assez confidentiel. Yarol, lui, est devenu musicien professionnel avec FFF, tandis que Melvil faisait la carrière que l'on sait. Tout cela n'est pas une autre histoire, mais l'un des éléments moteurs de Quel est Mon noM ?, premier livre signé par Melvil, lequel a attendu presque la quarantaine pour concrétiser et divulguer sa vocation d'écrivain, au moyen d'un objet littéraire particulièrement non identifiable. Une espèce de tonneau de Pandore, de boîte des Danaïdes... ou encore de lampe d'Aladin qui, une fois sollicités, laissent s'échapper des souvenirs, des documents ou des personnes aimées, vivantes ou disparues.

Comme Serge Daney, son guide, son maître à penser, qui a largement participé à sa culture et encouragé sa vocation cinématographique. Ou encore Marguerite Duras, dont Chantal Poupaud, mère de Melvil, fut l'attachée de presse pour India Song. Devenu acteur, le fiston joua Paul, le frère de Marguerite, dans L'amant, aux côtés de Jane March, dont il était fou amoureux.

Ah ! les femmes... Sa première fiancée fut Chiara Mastroianni, demeurée sa meilleure amie. Ce qui lui a donné la chance d'être durant trois ans le gendre du génial Marcello et de la sublime Catherine (Deneuve), pour qui Melvil éprouve toujours la même admiration. Et avec qui il a, bien sûr, tourné. Aujourd'hui, il est marié avec Georgina Tacou, l'une des filles de l'éditeur des "Cahiers de l'Herne" - disparu lui aussi -, ce qui nous ramène encore et toujours à la littérature. Car Melvil a toujours écrit, tenu des cahiers, imaginé des histoires et des scénarios. Et il a tout minutieusement conservé, dans des boîtes justement, où il a puisé la matière d'un livre qui lui ressemble tant : talentueux, touchant, éclectique, barré. Avec des épisodes improbables, comme ce baptême raté sur les bords du Jourdain, à 34 ans, ou ce tournage à haut risque, en Ouzbékistan, d'un court-métrage du très underground Charles de Meaux. Encore un des personnages de la galaxie de Melvil et l'un de ceux invités, dans des notes en bas de page souvent drôles, à rétablir la vérité quand l'auteur s'emmêle.

Chantal Poupaud, en particulier, est souvent convoquée. Et toute la famille maternelle, presque tous gens de cinéma. Melvil est un enfant de la balle, qui a tourné son premier film à neuf ans, La ville des pirates, dirigé par Raúl Ruiz. Sur le "côté de [son] père", en revanche, presque rien. Un prénom, Michel, et une précision : ils sont tous scientifiques, chercheurs en mathématiques. Ou bien ça fait moins rêver que le cinéma, et on n'en saura pas plus. Ou bien Melvil Poupaud, devenu écrivain pour de vrai, a encore quelques boîtes à ouvrir.

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