2 janvier > Premier roman France

Avec toute l’insolence de sa jeunesse, et sa fascination pour les destins brisés, les morts prématurées, François-Henri Désérable a décidé de consacrer son premier roman à Evariste Galois (1811-1832), génie précoce des mathématiques, incompris de ses contemporains, aussi brillant qu’insoumis et mort dans des circonstances jamais vraiment élucidées. Un duel pour une femme ? Peut-être cette Stéphanie, fille du médecin qui l’avait soigné contre un début de choléra, vers la fin de sa vie, son premier amour passionnel et tumultueux, ainsi qu’en témoignent quelques lettres, conservées, de la jeune femme.

Galois n’était pas un garçon facile. Refusé par deux fois à Polytechnique, finissant par entrer à Normale sup, d’où il sera expulsé pour des motifs politiques : Galois est un républicain enragé, un Montagnard, qui, à défaut des Trois Glorieuses de 1830, qui ont chassé Charles X, a participé aux émeutes de 1831. Pas assez conventionnel, le jeune mathématicien n’aura pas non plus les honneurs de l’Académie des sciences : son mémoire Sur les conditions de résolubilité des équations par radicaux a été rejeté sans même avoir été lu. La dernière nuit de sa vie, avant le duel où il savait qu’il se ferait tuer, il rédigea deux autres textes, l’un, une adresse A tous les républicains, le second un testament mathématique, où il résumait à grandes guides ses recherches et sa théorie algébrique, devenue un classique. Ironie de l’histoire, ses manuscrits sont aujourd’hui conservés à l’Académie française.

C’est là, entre autres, que François-Henri Désérable a mené ses recherches, fort sérieuses. Dans son roman, tout y est, mais à sa façon. Son Evariste n’est pas un biopic, mais une évocation libre, avec quelques télescopages, anachronismes volontaires, interventions de l’auteur à la première personne. C’est original, réussi et romantique, comme le destin du malheureux héros, fauché par la balle d’un certain Pescheux. A 21 ans. J.-C. P.

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