17 janvier > Roman France > Philippe Brunel

Sans aucun doute, Philippe Brunel est un homme triste. Comme sont tristes tous ceux à qui le Tour, au fil des ans, offrait des figures d’héroïsme à l’usage de leur enfance et qui se retrouvent vieillis et cocus face à ce qu’un juge en une formule restée célèbre, appela un jour "des cornues pédalantes". De ce deuil, le journaliste sportif, qui est sans doute la plus belle plume française de cyclisme depuis Pierre Chany, aura fini par faire œuvre. Ce sera l’enténébré, hivernal et déchirant Vie et mort de Marco Pantani (Grasset, 2007), enquête au noir comme le sera, dans un autre registre, La nuit de San Remo (Grasset, 2012).

C’est encore d’une filature avec ses démons dont il est question dans ce thriller technologique qu’est aujourd’hui Rouler plus vite que la mort. Brunel y part d’un constat et d’une rumeur qui traverse le peloton depuis des années : il y a en matière de triche plus efficace peut-être que le dopage ; doper non l’athlète, mais le vélo. En d’autres termes, loger dans son cadre un minuscule et puissant moteur, presque indétectable. Philippe Brunel va s’attacher aux pas d’un physicien hongrois, Istvan Varjas, lui-même ancien coureur, dont il se murmure qu’il pourrait être le concepteur de cette hypothétique machine. En chemin, il croisera, parmi beaucoup de faux-semblants, l’ombre écrasante de "l’ogre" du peloton, le banni Lance Armstrong, qui pourrait en avoir été le principal bénéficiaire. La victime, elle, est identifiée. C’est le vélo et ceux qui l’aimèrent d’un amour d’enfant. O. M.

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