13 mars > roman Grande-Bretagne

Dans la famille Amis, je demande le père, Kingsley (1922-1995). Un écrivain touche-à-tout dont le talentueux rejeton Martin a brossé un savoureux portrait dans Expérience (Folio). Il faut se réjouir de voir les éditions de La Martinière reprendre son premier roman, Lucky Jim, dédié au poète Philip Larkin. L’occasion de replonger dans l’œuvre grinçante et cocasse de cet anticonformiste qui fut l’un des chefs de file du mouvement des "Jeunes gens en colère" et se montra tout au long de sa biographie un maître de la satire.

A sa parution en 1954, Lucky Jim avait fait sensation et obtenu le Somerset-Maugham Award for fiction. On peut y suivre les tribulations d’un certain James Dixon. Ancien caporal dans la Royal Air Force pendant la guerre, celui-ci a le visage rond et une "largeur d’épaules peu commune qui n’avait jamais été associée à une force ou à une adresse physique particulière".

Jim a trouvé une place dans la section d’histoire d’un collège qui n’est ni à Oxford ni à Cambridge. Supposé spécialiste du Moyen Age, il assiste l’étourdi professeur Welch, qui n’a pas l’air d’être un as du volant. Ne pas croire que son quotidien est facile : en plus d’écouter les propos de Welch, qui l’invite de surcroît à passer le week-end à la campagne, il lui faut s’occuper de Margaret Peel. L’une de ses collègues, femme petite, mince et avec beaucoup de fard, qui vient d’essayer de se suicider en avalant des somnifères et a fait de lui un confident.

Des bourdes, l’incorrigible Dixon ne va pas manquer d’en faire. Tout comme il va se débattre "pour trouver une idée claire, ou une idée simplement" ! Digne prédécesseur des romans universitaires de David Lodge ou du récent Skippy dans les étoiles de Paul Murray (Belfond, 2013), Lucky Jim comptait parmi ses fans le défunt Christopher Hitchens et Toby Young, l’auteur du désopilant Comment se faire des ennemis. Un classique des lettres anglaises à redécouvrir. Al. F.

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