9 mars > Roman France > Christophe Ono-dit-Biot

César a pris de l’âge. Le voici quadragénaire. Il se voit comme "un vieux corsaire", même si Nana, une jeune, belle, riche et fort énigmatique Grecque, sa voisine d’en face et l’héroïne "en creux" de Croire au merveilleux, lui déclare joliment : "Vous n’êtes pas vieux, vous êtes patiné". Ce qui a "patiné" César, surtout, c’est la mort de Paz, la pasionaria latino, photographe et plongeuse, le grand amour de sa vie, noyée. Deux ans après, il est encore dévasté. Au point de songer sérieusement à se suicider. Quitte à abandonner leur fils de 6 ans, un chouette gamin, affectueux, tranquille, ouvert sur le monde, qu’il aime pourtant très fort. Il est vrai qu’il a pourvu financièrement à son avenir, et que ses grands-parents paternels normands l’élèveront.

Alors qu’il est en train de passer à l’acte, qu’il a commencé à absorber ses cachets, sonne à sa porte une enquiquineuse, Nana, dont, féru de Grèce antique, littérature, mythologie, il va finir par croire que ce sont les dieux anciens qui l’ont placée sur son chemin. Une idylle serait-elle possible ? Refaire sa vie ? Toujours est-il que César revient au monde et va vivre toute une série d’aventures nouvelles, jusqu’à une espèce de catharsis finale, qui ne peut se dérouler que dans un centre d’art zen sur l’île perdue de Teshima, au Japon. Enfin, il aura la réponse à la grande question qui le taraude, le hante, le ronge : Paz, qui les avait quittés, les aimait-elle, ses deux hommes ? On n’ouvrira pas, bien sûr, le shôji de papier.

Au lecteur de parvenir à l’épilogue, au terme d’une longue odyssée qui commence par les châteaux de la Loire (Chambord, Chenonceau), où César le déprimé entraîne son rejeton. Se poursuit, en flash-back, sur la côte amalfitaine, dans cette grotte de Marina di Praia où Paz et César avaient fait l’amour sous-marin, découvrant une statue de sirène qu’ils avaient emportée et s’étaient fait ensuite envoyer à Paris, comme un totem de leur passion. Après celle de l’éléphant de la Biennale de Venise, dans Plonger (2014), encore une scène d’amour torride et athlétique. Puis il traînera son tædium vitæ à Majorque, retournera en Italie du Sud (l’ancienne "Grande Grèce") pour voir la tombe du Plongeur à Paestum, puis dans une île de la mer Egée, convoqué par le père de Nana, Athanis, pour une mise au point. En fait, un cours de philosophie et de mythologie antiques.

Car, chez Ono-dit-Biot, le narrateur, grand reporter culturel dans un hebdomadaire, lit le grec ancien, possède la collection complète des "Budé", participe à des dîners en ville "saganiens" et pratique volontiers le name-dropping. C’est brillant, enlevé, très intello, un peu snob. Après Plonger, patiner ? J.-C. P.

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