13 février > Premier roman France > Aure Atika

La figure de la mère n’indiffère personne. Pour Aure Atika, "elle représentait tout, tant elle incarnait un idéal, un Dieu, voire [s]on premier amour". Odette était pourtant loin d’être parfaite, mais son affection pour sa fille était véritable. C’est pourquoi celle-ci lui dédie une ode dans ce premier roman, à consonance autobiographique. A l’instar de Justine Lévy, elle tente de dénouer ce lien si particulier. Elle retrace cette enfance "rock & roll", rythmée par une mère à l’indépendance atypique, une éternelle célibataire multipliant les passions, les effusions et les frasques.

"Elle ne savait pas faire, elle vivait au jour le jour, sans recul." Sa maladresse se traduit aussi par beaucoup de tendresse. Tantôt elle entraîne sa fille dans les nuits de Paris, tantôt elle l’initie au cinéma d’auteur, à la peinture ou à la photographie. "Collée à elle, je savoure l’univers des grands." Mais lorsque cette fusion est entrecoupée par de longues absences, la fille unique panique. La grand-mère assure la relève, puis Odette resurgit toujours après un voyage en Inde ou un bad trip.

La narratrice grandit en devenant une mini-adulte responsabilisée. Bien entendu, elle ne saisit pas tout, si ce n’est que cette enfance un peu bohème lui appartient. Nul ne peut lui voler cette complicité, teintée de rêves d’éléphants ou de fantasmes délirants. L’atterrissage est pourtant violent : la fée fofolle ne rigole plus quand la drogue se met à l’abîmer. Témoin de cette descente aux enfers, l’adolescente réalise que sa mère est en détresse.

La honte l’emporte parfois, parce que cette fragilité lui saute aux yeux. "Je lui en veux d’être aussi faible. Elle ne se ment qu’à elle-même." Démystifié, son modèle devient brusquement humain. L’enfant ne doit-il pas faire ce deuil du parent idéalisé ? Un portrait, sincère et émouvant, dépourvu de jugement, mais sûrement pas d’amour. Actrice, réalisatrice et scénariste, Aure Atika trouve le ton juste, entre la fillette qu’elle a été et la mère qu’elle est devenue à son tour. Ses racines dessinent "une femme qui trace son chemin", en cultivant cet "appétit pour l’aventure" et la vie, hérité de sa mère adorée. Kerenn Elkaïm

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