Deuxième volume d'une trilogie entamée avec Secret de polichinelle (L'Antilope, 2019), Le silence est d'or nous ramène dans la trépidante Tel-Aviv, « brûlante, moite et horrible comme un hammam turc pourri ». Là vit et travaille, en tant que détective privé après avoir été journaliste à Plaisirs de la vie, Oded Héfer, le narrateur queer qui parle de lui au féminin et a tendance à s'adresser de même à tous les mâles alentour, même s'ils sont hétéros, policiers et un chouïa dangereux. Ainsi l'inspecteur Yftah Shohan, une brute épaisse homophobe, adjoint du commissaire Yaron Malka, qu'Oded connaît bien : ils ont travaillé ensemble sur des enquêtes, et même un peu plus. Cela n'empêchera pas quelques avanies, passages à tabac, etc. Car Oded, comme nombre de privés, a le don de se mettre dans le pétrin, de mener des enquêtes hors-piste : là, appelé par sa grand-mère pour retrouver son chat, il va se trouver pris dans une série de meurtres atroces, parmi les pensionnaires de sa maison de retraite. La solution, comme souvent, réside dans leur passé. Oded, dit La Fouine, c'est l'antihéros absolu, mais quelle ténacité pour s'y retrouver dans un tel imbroglio, quel courage, et quel humour, un brin cynique. Au passage, on visite en sa compagnie le gay Tel-Aviv, ses bars, ses clubs, à rebours de la pieuse Jérusalem. Et, quand il a le blues, il peut compter sur sa grand-mère pour le remotiver : « Ne prends pas cette mine offusquée, lui lance-t-elle, tu me rappelles Golda Meir. » Jubilatoire.

Yonatan Sagiv
Le silence est d'or Traduit de l'hébreu par Jean-Luc Allouche
L’Antilope
Tirage: 2 200 ex.
Prix: 22 € ; 432 p.
ISBN: 9782379510748

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