Adieu à Aimé Césaire

Adieu à Aimé Césaire

Poète engagé et politicien emblématique, l'écrivain anticolonialiste Aimé Césaire, l'un des chantres de la "négritude", est mort jeudi 17 avril à Fort-de-France. Aimé Césaire laisse une oeuvre véhémente et revendicative, parfois proche du surréalisme. A télécharger : la bibliographie d'Aimé Césaire.

Par Vincy Thomas,
avec vt, d'après afp Créé le 15.04.2015 à 21h00

Le poète martiniquais Aimé Césaire, 94 ans est décédé jeudi matin au CHU de Fort-de-France (Martinique), où il était hospitalisé depuis le 9 avril, a-t-on appris jeudi de source gouvernementale. Depuis son hospitalisation, pour des affections 'de nature cardiologique', à l'hôpital Pierre Zobda-Quitman de Fort-de-France, des rumeurs alarmistes circulaient sur son état de santé, qualifié de 'stable mais préoccupant' par ses médecins.

Aimé Césaire fut, avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, l'un des chantres du courant de la 'Négritude' dont il fut le premier à employer le mot dans Cahier d'un retour au pays natal (Présence africaine).

L'auteur avait consacré sa vie à la poésie et à la politique. Principale figure des Antilles françaises, il fut depuis les années 1930 de tous les combats contre le colonialisme et le racisme.Les Martiniquais attendaient ces derniers jours avec sérénité et dans la discrétion l'évolution de l'état de santé d'Aimé Césaire.

Le poète engagé
Solidaire du monde noir et de sa révolte contre le colonisateur, il se disait 'fondamentalement poète, mais poète engagé' et 'nègre, nègre, depuis le fond du ciel immémorial'. Fêté à l'université, célébré à la Comédie-Française, écrasante figure de la société martiniquaise, Aimé Césaire a écrit une oeuvre véhémente et revendicative, parfois proche du surréalisme.

Maire de Fort-de-France de 1945 (il n'avait que 32 ans) à 2001, député de 1946 à 1993, président du Conseil régional de Martinique, il avait quitté la présidence du Parti progressiste martiniquais (PPM) en 2005.

Lauréat du Grand prix national de la poésie (1982) et du prix des poètes de la SACEM (1995), Césaire a écrit des pièces comme 'La Tragédie du roi Christophe' (1963, sur la décolonisation) ou 'Une saison au Congo' (1966, sur Patrice Lumumba). En poésie, il a signé Les Armes miraculeuses, Cadastre, Soleil cou coupé, Corps perdu ou Moi laminaire.

Enfin, il a aussi été polémiste avec son Discours sur le colonialisme, texte virulent contre l'Occident, juché sur 'le plus haut tas de cadavres de l'humanité' ou Lettre à Maurice Thorez.

Il inspira de nombreux écrivains ouverts au monde comme J.M.G. Le Clézio ou Erik Orsenna. En 1989, dans l'Eloge de la créolité, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant et Jean Bernabé ne manquent d'ailleurs pas de se proclamer 'à jamais fils de Césaire'.

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