Assises européennes du livre

AEL 2020: conquérir de nouveaux lecteurs

Vincy Thomas / livres Hebdo

AEL 2020: conquérir de nouveaux lecteurs

Près de 200 participants aux Assises européennes du livre, qui se déroulaient ce 4 mars à Bruxelles, ont bravé la psychose mondiale autour du coronavirus. La première édition des AEL avait été annulée il y a un an pour cause de grève en Belgique. Cette année, tout le monde était au rendez-vous.
 

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Par Vincy Thomas, Bruxelles
Créé le 05.03.2020 à 04h14

A travers les quatre tables rondes et les deux sessions d’experts, les professionnels particpants aux premières Assises européennes du Livre à Bruxelles, en partenariat avec Livres Hebdo, ont compris que quelques enjeux se dessinaient : la conquête de nouveaux lecteurs, notamment chez les jeunes, la défense des droits d’auteur et le poids des libraires.

Première partie: la conquête de nouveaux lecteurs

Directeur à Nielsen Book Research International, André Breedt rappelle que dans les pays développés on lit pour le plaisir et pour s’évader tandis que dans les pays émergeants, ce sont l’éducation et la connaissance qui mènent au livre. Dans des pays comme le Royaume-Uni, où les grands lecteurs (plus de 16 livres par an) ne sont plus que 16% et où la majorité (57%) achètent moins de cinq livres par an, « Il faut essayer de faire preuve de créativité pour trouver de la croissance, en allant chercher de nouveaux lecteurs ou en vendant au lecteurs d’autres produits complémentaires ou en trouvant d’autres segments porteurs (environnement, récits de voyage, non fiction) » explique-t-il. Les grands lecteurs sont non seulement les meilleurs vecteurs pour la recommandation, mais aussi ceux qui incitent le plus leurs enfants à lire.

Kate Wilson, directrice de l’éditeur britannique Nosy Crow, insiste aussi sur le problème de l’accès à la lecture : «  les enfants voient les adultes lire moins : être adulte pour eux c’est être collé à son portable. Il faut stimuler la lecture plus que le livre. »

L’auteur Bertrand Puard abonde : « Les écrans font détourner les jeunes adultes du livre. » Fort de son expérience il demande à ce que « Le livre devrait parti des prérogatives du ministère de l’éducation nationale », rappelant qu’il est « important de faire venir les auteurs dans les classes, dès la maternelle. Après la visite d’un auteur, les CDI voient leurs inscriptions augmenter. »
Il s’agit d’aller chercher les jeunes là où ils sont (sur les écrans avec une interactivité ou les réseaux sociaux) ou par des moyens détournés (s, écriture collaborative) pour leur montrer que le livre n’est pas une activité passive.

Car l’enjeu est bien dans la motivation et la transmission. Claude de Saint-Vincent, directeur général de Média Participations, rappelle que « Tous les jours il meurt un lecteur de 90 ans et arrive un non lecteur de 19 ans. » Pour lui la conquête du lectorat passe par l’abolition des frontières entre les supports, faisant ainsi d’un héros de BD une icône publicitaire, une star de cinéma, une vedette de jeu vidéo : « Nous ne sommes plus des éditeurs de BD francophone. «Nous sommes devenus des éditeurs multimédias qu’on peut traduire. Car avec la baisse des lecteurs, le seul potentiel est d’être exporté et lu ailleurs. Par exemple, avec Izneo, on a une chance de trouver des lecteurs qu’on perd sur nos territoires historiques. »

Jean Spiri, Secrétaire général d’Editis, converge avec ce point de vue. D’une part, « Un jeu vidéo peut donner naissance à une série fantasy. La poésie avec la musique peut trouver sa force dans l’audio. On peut aussi imaginer des films déclinés en livre. Notre priorité est de faire vivre notre catalogue éditorial. » Et de décliner la stratégie de son groupe : « Il faut exister par soi-même, mais il faut surtout jouer sur tous les tableaux », plaidant notamment pour davantage de traductions en Europe, alors que le budget d’Europe Creative n’est que de 3,6M€ par an.
 

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