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Aides publiques au livre : le SLF dénonce un rapport sénatorial « inquiétant » pour les librairies

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Aides publiques au livre : le SLF dénonce un rapport sénatorial « inquiétant » pour les librairies

Alors que le sénateur Jean-Raymond Hugonet dévoilait mercredi 2 juillet les conclusions du rapport de la commission des finances du Sénat sur les aides publiques au secteur du livre, le Syndicat de la librairie française déplore des critiques « inquiétantes et largement infondées » sur la situation des librairies.

 

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Par Élodie Carreira
Créé le 07.07.2025 à 17h49

Mercredi 2 juillet, le sénateur Jean-Raymond Hugonet présentait les conclusions du rapport de la commission des Finances sur les crédits d’État alloués à l’industrie du livre. Si le document reconnaît, dans l’ensemble, un « soutien efficace », il a néanmoins dressé un constat plus sévère à l’égard des librairies, en particulier concernant les aides qui leur ont été versées pendant la crise du Covid.

Des remarques qui ont fait bondir la profession : le Syndicat de la librairie française (SLF) a dénoncé, dans un communiqué publié lundi 7 juillet, des « critiques inquiétantes et largement infondées » sur plusieurs sujets clés, au premier rang desquels figurent « la crise sanitaire, le taux réduit de TVA, les prêts aux entreprises du CNL ou encore le pass Culture ».

« Sans ces dispositifs, de nombreuses librairies n’auraient pas passé le cap de la crise sanitaire »

Alors que le rapport de la commission a estimé que les aides exceptionnelles débloquées par l’État pour les librairies lors de la pandémie, n’étaient « pas indispensables », et auraient provoqué « une surrentabilité temporaire », le SLF a tenu à rappeler les conditions particulières auxquelles était confronté le secteur à cette période.

« En mars 2020, la fermeture administrative imposée à toutes les librairies françaises menaçait la survie de plus de la moitié d’entre elles, leur trésorerie ne leur permettant pas de tenir au-delà de quatre ou cinq semaines », détaille le syndicat, précisant que le soutien financier visait « à couvrir les charges fixes des librairies, autrement dit à neutraliser l’effet du premier confinement sur leur exploitation ».

Il a également rappelé que la prise en charge par l’État des frais d’expédition de livres, lors du deuxième confinement, avait pour objectif de rétablir une « concurrence équitable » avec Amazon, qui pratiquait alors la livraison gratuite. « Sans ces deux dispositifs, de nombreuses librairies n’auraient pas passé le cap de la crise sanitaire », affirme le SLF.

Des acquis menacés ?

Autre point de friction : le taux de TVA réduit. Le rapport a en effet qualifié de « manque à gagner » les 600 millions d’euros engagés par l’État pour préserver le statut du livre, considéré comme un bien culturel de première nécessité. Sur ce point, le sénateur a notamment requis une analyse approfondie du coût et de l’impact « en termes de redistribution et d’incitation à la lecture ».

A contrario, le SLF alerte sur le danger que pourrait représenter un relèvement du taux de TVA « sur la démocratisation de l’accès au livre et à la lecture », rappelant par là même la fragilité du pouvoir d’achat des Français et Françaises à ce jour.

Indignation

De la même façon, le syndicat s’est indigné de la remise en cause des prêts accordés par le Centre national du livre (CNL) : « Il est très surprenant de voir inscrite dans ses recommandations la suppression de l’octroi de prêts par cet établissement public, au profit de subventions, et d’un recours accru à l’IFCIC pour les emprunts ».

Rappelant que la grande majorité des prêts accordés par le CNL sont remboursés, avec un taux de sinistralité « proche de zéro », le syndicat s’interroge : « Des prêts efficaces et remboursés, n’est-ce pas de l’argent public bien utilisé ? ».

Enfin, le SLF dénonce un « acharnement contre le pass Culture », dispositif que le sénateur – s’appuyant sur les conclusions de la Cour des comptes –, avait qualifié d’ « aide d’État massive », allant jusqu’à dire qu’il n’avait servi « la première fois, qu’à payer le manga ».

Face à ces déclarations pour le moins sévères, le syndicat a tenu à rappeler que le pass Culture avait profité à « 68% des jeunes issus des classes populaires », favorisant également à la découverte de nouveaux genres et à la création d’habitudes de lecture.

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