America fait un triomphe à Toni Morrison

Toni Morrison © O. Dion

America fait un triomphe à Toni Morrison

Le succès des littératures américaines auprès des lecteurs français ne se dément pas. Pour ses 10 ans, le Festival America a fait honneur aux auteurs de toutes les Amériques et en particulier au prix Nobel de littérature.

Par Claude Combet,
avec cc Créé le 28.01.2014 à 22h17

Toni Morrison, invitée d'honneur du Festival America, a été accueillie à chacune de ses interventions par les applaudissements d'une salle debout et très émue. «On ne peut pas rêver mieux: être à Paris et rencontrer mes lecteurs» a déclaré le prix Nobel de littérature 1993.

800 personnes ont suivi le Café littéraire vendredi soir dont elle était l'invitée, près de 1000 spectateurs se sont pressés au Centre culturel Pompidou le samedi pour assister à l'interview par Nathalie Crom (Télérama), ainsi que le dimanche pour suivre le débat animé par François Busnel («La grande librairie»), avec Louise Erdrich, Francisco Goldman et Dinaw Mengestu. Ils étaient à ce point nombreux que tous n'ont pu entrer et qu'une centaine d'entre eux ont suivi les débats sur l'écran installé sur le trottoir.

Défendant la langue —sujet de son discours de réception du Nobel— Toni Morrison a montré qu'elle n'avait rien perdu de son mordant, en déclarant: «L'anglo-américain a su s'enrichir des apports ethniques, culturels, de l'argot et de la langue vernaculaire, il est en train de s'appauvrir, non pas seulement à cause de Twitter mais aussi à cause d'expressions comme “un genre de” qui lui a fait perdre 200 verbes».

Agée de 82 ans, bien que se déplaçant en fauteuil roulant, elle a même joué le jeu d'une longue dédicace à la médiathèque après le débat. Tandis que sur le salon, les lecteurs s'arrachaient ses ouvrages — Home, qui vient de paraître chez Christian Bourgois (Le Genre urbain en a vendu plus de 400 exemplaires), Beloved en 10/18 (sur le stand du Merle moqueur) et même ses livres en anglais chez Shakespeare & Co.

Ainsi, 35 000 visiteurs (contre 30 000 en 2010) ont assisté aux débats, tables rondes, expositions et autres animations proposées du 20 au 23 septembre dans toute la ville de Vincennes.

Ils ont aimé l'ouverture aux pays sud-américains, en particulier la douzaine d'auteurs invités publiés par Anne-Marie Métailié. La synergie fonctionne à plein et les lecteurs viennent chercher à la librairie le livre de l'auteur qu'ils ont entendu pendant les rencontres. On a fait la queue pour Luis Sepulveda et Russell Banks mais le public apprécie aussi de nouveaux auteurs comme Julie Otsuka, 80 exemplaires de Celles qui n'avaient jamais vu la mer (Phébus) ont été vendus, Hector Tobar (Printemps barbare, Belfond), dont le portrait dans Libération a été très remarqué, Chad Harbach (L'art du jeu, Lattès), prix Page des libraires America, Jennifer Egan (Qu'avons-nous fait de nos rêves?, Stock). Au total, Pascal Thuot, de la librairie Millepages à Vincennes, annonçait d'ailleurs un chiffre d'affaires en hausse de 19 % (y compris l'espace jeunesse).

Pour la prochaine édition d'America, qui aura lieu du 18 au 21 septembre 2014, Francis Geffard, fondateur de la manifestation, a prévu de faire dialoguer cinquante auteurs nord-américains et cinquante écrivains français, en portant un éclairage particulier sur les cultures francophones du Québec, d'Acadie, de Louisiane et d'Haïti.

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