Andrew Wylie bouscule les éditeurs

Andrew Wylie

Andrew Wylie bouscule les éditeurs

L'agent littéraire Andrew Wylie veut produire lui-même les versions électroniques d'ouvrages déjà édités de ses clients les plus prestigieux et négocier directement les droits de diffusion avec Amazon, ce qui provoque la colère des éditeurs.

avec ag Créé le 15.04.2015 à 22h43

C'est un petit séisme dans le monde de l'édition anglophone : l'agent littéraire de renommée mondiale Andrew Wylie, dont les talents de négociateur lui ont valu d'être surnommé "le chacal", a annoncé le lancement de sa propre maison d'édition, Odissey Editions. Celle-ci assurera la conversion au format électronique de titres déjà édités de des clients les plus célèbres de Wylie, parmi lesquels Philip Roth, Orhan Pamuk, Salman Rushdie ou Martin Amis. Les ouvrages seront ensuite directement vendus à Amazon, qui en assurera la distribution sur sa plateforme Kindle, au prix de 9,99 dollars le volume.

Au total, Odissey Editions propose une liste de 20 ouvrages d'auteurs majeurs de la littérature moderne et contemporaine de langue anglaise, dont John Updike, Vladimir Nabokov, Hunter S. Thompson ou Norman Mailer.

Face à ce coup de force, qui contourne le circuit traditionnel de l'édition, la réaction des éditeurs ne s'est pas faite attendre, à commencer par Random House, dont 4 auteurs figurent sur la liste d'Odissey Editions.

Stuart Applebaum, porte parole de la maison d'édition, ne décolère pas : «En prenant la décision de vendre à Amazon les versions électroniques de titres qui font l'objet de contrats en cours chez Random House, l'Agence Wylie porte atteinte aux engagements que nous avons pris de longue date et aux investissements que nous avons réalisés vis-à-vis de nos auteurs, ce qui fait de cette agence notre concurrent direct. En conséquence, nous le regrettons, Random House ne signera aucun nouvel accord commercial avec l'Agence Wylie pour des auteurs de langue anglaise tant que la situation ne sera pas résolue.» a-t-il confié au New York Times. Cela constitue une menace sérieuse pour les 700 clients internationaux que compte cette agence.

Mettant en cause la légalité du procédé d'Andrew Wylie, Applebaum a laissé entrevoir la possibilité de poursuites judiciaires.

Des distributeurs ont également fait part de leur indignation, s'étonnant du fait qu'Odyssey Editions n'envisage la distribution de ses titres que sur le Kindle d'Amazon, à l'exclusion de toute autre plateforme. Pour David Kohn, responsable des ventes en lignes chez Waterstone, «les lecteurs doivent avoir le plus grand choix possible en livres électroniques, quelle que soit la plateforme qu'ils utilisent pour les lire (...) il est très décevant d'apprendre que les oeuvres de certains de nos meilleurs écrivains seront disponibles de manière aussi limitée. Cela ne va pas aider à élargir le marché et ne rendra pas service aux lecteurs», a-t-il confié à notre confrère The Bookseller.

L'initiative d'Andrew Wylie est le dernier rebondissement d'un conflit qui oppose les éditeurs aux auteurs et à leurs agents sur la question des droits de diffusion des ouvrages au format électronique et celle de la répartition du produit de leur vente. Alors que de nombreux éditeurs ont souhaité maintenir le taux de rémunération des auteurs aux alentours de 25%, des auteurs, soutenus par leurs agents, ont souvent objecté que les conditions particulières de l'édition numérique justifiaient un partage plus équitable, et un taux de rémunération des auteurs proche de 50%.




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