Grand mais pas trop. Le soir, dans la jungle, tout est silencieux et assoupi sauf le petit Faly, singe de son état, qui déclare ne vouloir s'endormir que lorsque son grand frère Mahandry le fera lui aussi. « Moi, je suis grand ! » s'enorgueillit ce dernier, profitant de son ascendant d'aîné. Un peu plus tard, c'est au tour du grand d'envier le sort du petit qui peut encore jouir de l'hospitalité du dos de sa mère alors que lui en est évincé. Du haut de l'arbre, Mahandry a un beau panorama sur toute la forêt et les hippopotames, quand le petit Faly est, lui, condamné à faire le pied de grue en bas, ne distinguant pas beaucoup plus loin que le bout de son nez. En revanche, quelle chance d'être encore dans les jupes de sa maman pour éviter d'éplucher les litchis, se lamente Mahandry qui doit se coltiner la corvée lui-même. Privilège de grand... Les deux singes se comparent et s'envient sans cesse. L'un voudrait déjà être grand quand l'autre regrette de ne plus être petit. Cet album formidable multiplie les situations cocasses où deux frères qui semblent se jalouser s'aiment en réalité d'amour tendre. Il faut dire qu'ils ont la chance d'avoir une maman habile et aimante qui sait comme personne les rassurer et les réconcilier avec leur âge. Avec ses grands tableaux de couleur, Georg Hallensleben excelle à évoquer le besoin d'amour de nos petits cousins les singes sur fond de forêt tropicale prodigieusement vivante et vibrante.