Avant-portrait

Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat : joueurs

Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat. - Photo Fleuve éditions

Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat : joueurs

Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat se sont essayés au roman épistolaire.

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Par Claude Combet,
Créé le 06.03.2015 à 01h03 ,
Mis à jour le 06.03.2015 à 11h00

Ils ont joué et ils se sont amusés. Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat, deux grands noms de la littérature jeunesse, signent Et je danse, aussi, un roman épistolaire destiné aux adultes. L’histoire veut qu’Anne-Laure Bondoux ait proposé une correspondance à Jean-Claude Mourlevat, alors en panne d’écriture. Il s’en est suivi un jeu de ping-pong entre les deux écrivains, chacun s’amusant à surprendre l’autre et attendant sa réaction.

Le roman raconte l’histoire d’une lectrice, la fameuse Adeline Parmelan, 34 ans, "grande, brune et grosse", qui envoie une enveloppe suivie d’un mail à un écrivain célèbre, Pierre-Marie Sotto, 60 ans, prix Goncourt, qui ne se remet pas de la disparition de sa femme Vera. Sachant tenir le lecteur en haleine, les deux protagonistes, sans s’être jamais vus, vont révéler des liens insoupçonnables.

Mais il est avant tout question d’écriture. "C’est la première fois de ma vie qu’on me faisait une telle violence, choisir à ma place…", raconte Anne-Laure Bondoux, alias Adeline Parmelan. "C’est une bonne leçon d’humilité. On pense toujours qu’on maîtrise tout quand on écrit seul. Là, on cède du terrain à l’autre, à son imaginaire. Anne-Laure m’a entraîné dans des directions où je ne serais jamais allé", confie Jean-Claude Mourlevat. Tandis qu’Anne-Laure Bondoux réplique : "Il m’a offert un nom, je lui ai donné ses mariages. Je lui lance les vacances à Bandol, il répond par "un fou rire sur la terrasse". Il met en place une atmosphère. C’est magique, ça me surprend, et ça complète mon imaginaire. A chaque échange, nous étions à la fois auteur et lecteur."

Démêler le vrai du faux

S’ils ont la littérature jeunesse en commun, un penchant pour des univers à la limite du fantastique et une grande sensibilité, ils disent aussi avoir utilisé leurs différences : de sexe mais aussi de caractère, l’un est sur la réserve, l’autre est plus expansive. Ils se sont aussi plongés pour la première fois dans une histoire contemporaine."Elle m’a paru plus légère que ce que nous écrivons habituellement", raconte Anne-Laure Bondoux. Le reste s’est fait "dans une simplicité déconcertante". Jean-Claude Mourlevat est proche de Xavier d’Almeida, éditeur chez Univers Poche. Il lui confie le manuscrit qui est accepté par Fleuve éditions.

Le roman mêle savamment réalité et fiction. Au point qu’un jour elle appelle Jean-Claude ("j’étais mal") parce que Pierre-Marie s’est mis en colère et… elle récolte un éclat de rire. Quand Pierre-Marie écrit qu’il est à la montagne ou qu’il est à Prague, Jean-Claude Mourlevat y séjourne. Quand Adeline se réfugie à l’île d’Oléron, Anne-Laure Bondoux y passe des vacances, mais, avoue-t-elle, "sur certaines choses, on ne se connaît pas suffisamment pour démêler le vrai du faux". Le résultat est une écriture sous contrainte, à la manière des oulipiens. Ils ont joué et ce fut "jubilatoire"Claude Combet

 

Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat
Et je danse, aussi
Fleuve éditions
Prix : 18,90 euros, 288 p.
Tirage : 14 000 ex.
Sortie : 12 mars
ISBN : 978-2-265-09880-0

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