DISTRIBUTION

Apple rappelle ses règles pour la vente de contenus numériques sur l'App Store.- Photo OLIVIER DION

Le couperet tombera-t-il le 30 juin prochain ? C'est la fin du délai que le patron d'Apple a fixé aux développeurs pour mettre leurs applications en conformité avec le rappel des règles édictées pour la vente de contenus numériques sur l'App Store. Le concepteur de l'iPad et de l'iPhone exige que les transactions passent par son système d'achat intégré (in app purchase) et supportent une remise de 30 %. Le taux ne pose pas problème pour les éditeurs, pour lesquels Apple est un libraire numérique comme un autre, auquel ils accordent une remise intégrée dans leur calcul de tarification. En revanche, l'exigence ne passe pas pour les librairies numériques qui veulent s'installer dans l'univers d'Apple. Les 30 % représentent leur marge, voire la dépassent : en France, les indépendants sont commissionnés à 25 % par les éditeurs sur le livre numérique.

"Cette exigence de rémunération n'est pas anormale : Apple est chez lui dans l'App Store, sur son propre réseau, qui n'a rien à voir avec l'espace public d'Internet", rappelle Xavier Cazin, patron d'Immateriel.fr, distributeur-diffuseur de livres numériques. Cet App Store - ou "magasin d'applications", en français - est l'équivalent d'une galerie marchande de centre commercial : pour y installer une boutique, il faut payer.

Le problème, c'est qu'Apple n'avait pas proclamé ce principe quand il a démarré cette infrastructure articulée autour de ses produits. De nombreux développeurs ont conçu des centaines de milliers d'applications, souvent gratuites, parfois payantes, mais en général tarifées d'autant moins chères qu'elles ne supportaient aucuns frais prélevés par Apple. Ce foisonnement de contenus a donc contribué au succès des iPhone et iPad, outre les qualités propres de ces appareils. "Nous n'avons pas le choix : l'iPad domine toujours très largement le marché des tablettes tactiles, les concurrents ne décollent pas. Nous allons continuer à développer une application pour ce matériel, même si son utilisation par des librairies sera de fait bloquée, alors que c'est pourtant une de nos priorités", regrette Régis Habert, DG de la plateforme Izneo, qui regroupe les éditeurs de BD.

Chez ePagine, qui a développé une application qui contourne l'in app purchase, utilisée par une vingtaine de libraires, Stéphane Michalon affiche un attentisme résigné : "Nous verrons bien. Apple ne communique rien sur le sujet. La mise en conformité serait apparemment exigée au moment des mises à jour, mais pas forcément au 30 juin", suppose le responsable de la plateforme de vente, qui confirme la part de marché du réseau App Store - sur des volumes certes réduits, et en l'absence d'Amazon en France. Aux Etats-Unis, l'application d'Amazon contourne aussi ce système d'achat intégré, de même que la Fnac en France. Tous commencent à imaginer d'autres systèmes pour échapper aux 30 % de remise, dont l'intention est claire : Apple sortira de son univers les concurrents de sa librairie iBook Store. Après tout, Leclerc ne tolérerait pas à côté d'un de ses espaces culturels un libraire indépendant, qui n'aurait peut-être pas l'idée de s'y installer.

12.02 2016

Les dernières
actualités