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Aurélien Martinez (Mahô/ManEd) : « Nous avions intérêt à mutualiser nos forces »

Aurélien Martinez, directeur de Mahô éditions

Aurélien Martinez (Mahô/ManEd) : « Nous avions intérêt à mutualiser nos forces »

Spécialisées en manga et light novel, les éditions Mahô viennent de racheter les éditions ManEd, qu’elles intègrent à leur catalogue en tant que collection « Maned ». Ce rapprochement entre deux entités au positionnement voisin traduit la volonté de leurs fondateurs d’accélérer leur développement sur un marché en pleine expansion. Explications avec Aurélien Martinez, président et cofondateur de Mahô.

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Par Charles Knappek,
Créé le 12.01.2023 à 20h24

Livres Hebdo : Comment le rapprochement entre Mahô et ManEd s’est-il opéré ?
Aurélien Martinez :
Depuis la création de Mahô en 2019, nous publions des mangas et des light novels, essentiellement via l’acquisition de droits à l’étranger et plus rarement via des créations d’auteurs français au rythme d’une dizaine de titres par an. Nous avions rencontré à plusieurs reprises les dirigeants de ManEd lors de salons professionnels et nous nous étions vite aperçus que nous partagions les mêmes problématiques de transport, de diffusion/distribution ou encore d’achat de licences. Nous avions aussi en commun le même diffuseur/distributeur Makassar. Il est très vite apparu que nous avions intérêt à mutualiser nos forces pour opérer sur le marché, en particulier s’agissant de l’acquisition des droits auprès d’éditeurs étrangers. Au Japon ou ailleurs, les éditeurs émettent davantage de réserves quand un petit acteur comme nous les sollicite pour acheter les droits de l’un de leurs titres. En grossissant, nous gagnons aussi en crédibilité.

Les lignes éditoriales de Mahô et de la nouvelle collection « Maned » évoluent-elles ?
AM :
La collection « Maned » conserve la même ligne éditoriale qu’avant, avec des mangas chinois et coréens en couleur auxquels s’ajoutent des webtoons au format physique. Le passage au webtoon en plus du manga chinois et coréen est logique car il y a beaucoup de similitudes entre ces formats. On voit aujourd’hui que le marché du webtoon est en train d’exploser au format numérique ; sur les plateformes il est aussi lu, voire davantage lu que les mangas papier. Mahô et ManEd sont tous deux déjà présents sur Mangas.io ou Piccoma – c’était un autre de nos points communs –, mais il était important pour nous de nous positionner via une offre webtoon adaptée en papier.

Et chez Mahô ?
AM :
Nous continuerons de publier les mangas en noir et blanc et les light novels. En résumé, la couleur est pour « Maned », le noir et blanc est pour Mahô.

Les équipes de ManEd sont-elles conservées ?
AM :
Hicham Chennaf, fondateur de ManEd et qui avait à cœur de se recentrer sur l’édition, dirige dorénavant la collection « Maned ». La fusion avec ManEd nous permet aussi de disposer dorénavant d’un studio graphique intégré qui nous faisait jusqu’à présent défaut chez Mahô.

Comment se passera l'intégration graphique des titres ManEd ? les lecteurs de mangas peuvent parfois se montrer sourcilleux...
AM :
Sur les séries en cours de publication, le dos et la jaquette ne changeront pas sur les titres ManEd. On sait que les lecteurs sont attachés à l’unité graphique des séries. Seules les nouvelles séries auront le nouveau logo Maned, créé pour l’occasion et plus proche de l’identité de Mahô.

Vous annoncez une augmentation de vos prix pour avril 2023. En tant qu'éditeur de manga, comment vivez-vous la crise du papier ?
AM :
Nous ne voulions pas augmenter nos prix mais nous subissons la hausse des coûts comme tout le monde. Nous la limitons autant que possible et elle ne concernera que les titres à paraître et les réimpressions. La qualité du papier reste inchangée et nous anticipons au maximum les commandes pour obtenir les meilleures conditions tarifaires.

A combien s’élève votre chiffre d’affaires ?
AM 
: Notre dernier chiffre d’affaires consolidé est de 150 000 euros et celui de ManEd était quasi équivalent. La fusion nous permet de doubler en taille, mais nous avons des perspectives de croissance encore plus élevées sur l’année qui s’ouvre.

Que pèse la création française dans votre catalogue ?
AM :
Elle est encore modeste mais nous souhaitons la développer. Nous avons actuellement deux titres français au catalogue : Blackfury de Stéphane Goddard et Les enfants de Gorre de Sylvain Ferrieu, illustré par Navigavi, un light novel qui a bien marché avec 6 000 exemplaires vendus.

Quels seront vos enjeux du premier semestre ?
AM :
La série 86 : [Eighty Six] et le tome 4 de Berserk of Gluttony comptent parmi les titres importants du début de l’année. Chez « Maned », les prochains tomes de la série chinoise Battle through of the heavens sont aussi très attendus.

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